Le Spyropoulos Design Lab de Londres explore une architecture «consciente» mue par le design et des Arduinos, suivant des modèles de comportement.
Le « jeu de la vie » est une simulation de vie cellulaire développée par le mathématicien John Conway en 1970. A partir de quelques règles de cohabitation, des pixels naissent et meurent dans des agglomérats qui ont fasciné jusqu’au physicien Stephen Hawking.
Inspiré par cette mimique de la vie, Theodore Spyropoulos, un professeur d’architecture londonien et ses étudiants ont conçu une horde de petites machines qui, combinées en nuée, régénèrent les espaces habités par l’homme.
Theodore Spyropoulos et son frère Stephen dirigent Minimaforms, un studio d’architecture et de design expérimental à Londres. Le dada de Theodore, c’est l’écologie adaptative qu’il a théorisée dans le livre Adaptive Ecologies: Correlated Systems of Living, paru en 2013.
Ecologie adaptative et urbanisme génératif
II ne s’agit pas ici d’économie d’énergie ou de protection de l’environnement, l’écologie doit être comprise au sens étymologique : une science qui étudie les êtres vivants dans leur milieu et les interactions entre eux. L’architecte stipule dans son livre que le croisement de l’information, de la vie et de la matière suggère la possibilité d’une meilleure synthèse entre les machines, les humains et leur contexte. Selon lui, l’architecture d’aujourd’hui doit embrasser un modèle de vie adaptatif et participatif.
En réponse à des modèles d’urbanisme qui privilégient la planification du haut vers le bas, Theodore Spyropoulos assisté du designer Mustafa El Sayeda a proposé à ses étudiants en master d’architecture à l’AADRL (Architectural Association, Design Research Lab) d’explorer une approche générative de l’urbanisme. Grâce à la compréhension des comportements et des possibilités d’aménagement, l’objectif était d’être en mesure de répondre aux besoins du public et créer de nouveaux modes de consommation dans la ville.
La vidéo qui retrace deux ans de recherche à l’AADRL Spyropoulos Design Lab :
Des comportements et des caractéristiques proches du vivant
A partir de modèles informatiques, de cartes Arduino et d’impression 3D, les étudiants en architecture ont conçu des systèmes capables d’apprendre, de s’assembler seuls et de structurer des espaces. Rub-a-dub, Hypercell, noMad, sont parmi la dizaine de propositions d’agents architecturaux qui, selon Theodore Spyropoulos, « vont au-delà du fixe et du fini » pour devenir des moteurs d’évolution.
En terme de comportement, à l’échelle micro, c’est le magnétisme qui a été utilisé en priorité pour générer l’interaction entre les unités. Sur un plan macro, les projets privilégient la stigmergie, un mécanisme de coordination indirecte que l’on observe notamment chez les fourmis.
A titre d’exemple, le projet noMad met en scène des polyèdres auto-structurés. A petite échelle, une unité peut opérer une rotation pour s’agglomérer à un autre polyèdre pour évoluer vers un corps nomade ; des caractéristiques et un comportement spécifique proche du vivant qui constituent l’écologie des machines chère à Theodore Spyropoulos.
En grandes populations, les unités récoltent la couche numérique de la ville en temps réel pour synchroniser leur transformation et obtenir une flexibilité de l’espace à l’échelle d’un quartier. En théorie pour l’instant, mais en attendant d’observer la ville se tordre pour anticiper nos désirs, l’AADRL Spyropoulos Design Lab constitue, au gré des promotions étudiantes, un bestiaire grouillant digne d’un film de Cronenberg.
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