Carnet de bord du LabREV : de Rome à Bonifacio
Publié le 21 septembre 2015 par Adrien Marchandise
Pannes et avaries en rafale pour les marins makers du LabREV. La chronique de rentrée du voilier laboratoire, qui navigue depuis avril en Méditerranée, conte une incursion en Grèce et des rencontres de makers italiens.
Léo Talotte, Adrien Marchandise, Olivier Leynaud et Inès Torlay ont pris la mer en avril à bord du Lab-REV (Laboratoire pour le Refit et l’Eco-Voile), un voilier laboratoire d’innovation DiY écolo, sans énergie fossile, grâce à des protos DiY et à la solidarité des fablabs rencontrés. Chaque mois, Makery, qui a suivi leurs préparatifs dès septembre 2014, poste leur récit en images.
Texte et photos Léo Talotte, Adrien Marchandise, Olivier Leynaud et Inès Torlay
Roma makers : fablab de la capitale italienne
D’entrée, une bonne glace offerte par l’équipe du fab installe une bonne ambiance entre nos deux équipes. Nous découvrons avec intérêt Roma Makers, un lab dont les makers se sont emparés : Leonardo le fabmanager n’arrive pas à suivre tous les projets, et découvre parfois que certaines parties de l’atelier ont été déplacées !
Beaucoup de membres dans ce fablab, où règne la bonne humeur et où l’on brasse une bière maison pour que les soirées évoluent vers d’autres projets. Nous y découvrons l’imprimante 3D fa()3D, grande sœur de notre Mondrian, et échangeons des petits conseils d’impression. Ils nous prennent ensuite en photo et gravent celle-ci par découpeuse laser : le résultat est étonnant !
Traversée vers la Grèce : Zeus nous attendait
Nous passons le détroit de Messine qui sépare la Botte de la Sicile, et nous mettons en route vers les îles ionniennes en Grèce. La traversée d’environ 500 km s’annonçait bien, avec des conditions météo favorables.
C’était sans compter les énormes orages qui rythmeront nos nuits de quart. Pour préserver le mât en cas de foudroiement, nous attachons une chaîne aux haubans et la laissons pendre dans la mer qui fait ainsi office de masse. Si les éclairs nous épargnent, les très puissantes rafales de ces imposantes masses nuageuses ne nous rateront pas ! Nous mesurons plusieurs fois dans la nuit des vents de 100 km/h, qui retombent immédiatement à des calmes plats juste après leur passage. De bons exercices pour l’équipage qui doit plusieurs fois envoyer et affaler toutes les voiles. On sera bien soulagés d’arriver en Grèce malgré le crachin breton qui nous y attend !
Brutus le capricieux
C’est décidé, notre moteur porte désormais un nom après toutes les galères qu’il nous impose. Alors que nous n’avons que 10 jours pour profiter de la Grèce, Brutus décide de nous bloquer à Fiskardho. Le démarreur est tombé en panne, et un vaste atelier de mécanique s’installe à bord.
Après trois jours de réparations, nous finissons par conclure que c’est une des pièces qui est tombée en panne, une pièce qui ne s’imprime malheureusement pas. Nous mettons le cap vers Nydri pour trouver la pièce, mais le mécano refuse de nous la vendre : il veut faire le boulot lui-même. Grosse frustration pour les makers que nous sommes…
Rail de grand-voile : une réparation qui fait froid dans le dos
Pendant que certains réparent Brutus, d’autres ont la tête dans les nuages. Notre rail de mât, qui permet d’envoyer la grand-voile, se décolle. Certaines vis se sont arrachées, et les feuillets d’aluminium comprimés qui constituent le rail se sont par endroit délaminés. Comme d’habitude, c’est Olivier qui monte au mât pour réparer. On recolle, on lime, on installe des vis de diamètre supérieur, et c’est reparti !
Est-ce que tu m’entends Eole ?
Après nos diverses galères grecques, il est temps de remettre cap à l’Ouest. A cette saison, il y a malheureusement beaucoup de pétole dans cette zone de la Méditerranée. Sans vent, c’est Brutus qui est mis à contribution. Ça sentira la frite derrière Karukera, du détroit de Messine jusqu’en Sardaigne. Nous naviguons autour des Îles éoliennes volcaniques, alternant entre sauts de puce et longues journées au moteur. Finalement, nous traversons vers la Sardaigne, quasiment à 100% au moteur. Ces percussions usent nos nerfs, boules Quies et musique ne suffisant pas à nous calmer. Parfois Brutus nous montre des petits signes de faiblesse. On s’interroge.
Fablab Olbia : rencontre avec des très jeunes
Arrivés en Sardaigne, nous devons rencontrer le jeune fablab d’Olbia qui organise son premier évènement. Avec une portée éducative, il font une démonstration des techniques d’impression 3D auprès des plus jeunes. Nous ferons visiter Karukera à tous les enfants qui sont présents. Pas facile d’expliquer en italien ce que nous faisons !
Brutus nous bloque en rade d’Olbia
Au départ d’Olbia, Brutus va faire des siennes. A cause d’une huile de friture de mauvaise qualité, le filtre à huile se bouche, nous forçant à démonter la pompe à huile. Puis il faut déculasser : les soupapes sont complètement encrassées, ainsi que tout l’échappement. Il nous faut bricoler des joints de pompe à huile avec des briques de vin de table, et roder nos soupapes avec du Cif (produit de nettoyage abrasif).
Un petit chantier se met en place sur Karukera, et pendant une semaine nous restons bloqués. Heureusement que les quais y sont gratuits ! On parvient enfin à faire redémarrer Brutus, qui, après ce vaste nettoyage, tourne de nouveau comme une horloge. L’huile de friture est en cause, mais il semble que nous ne décrassons pas assez le moteur en mettant des gros coups d’accélération.
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