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Slovénie: les hackers s’en vont dans la nature!

À l'écoute de la rivière Soča à l'aide d'un hydrophone. © Katja Goljat

C’est dans un esprit de culture DiY, de participation active et de partage que le Ljudmila Art and Science Laboratory et Projekt Atol ont organisé le tout premier hacker camp slovène, le PIF Camp.

Ljubljana, de nos correspondantes Neža Grum et Petra Tihole

Trenta, destination du dimanche pour les amateurs de randonnée et de nature à l’intérieur du parc national du Triglav au nord-ouest de la Slovénie, vient d’accueillir un groupe d’individus plutôt rares dans cette région du pays. Du 3 au 9 août, quelques 50 programmeurs, hackers, bricoleurs, artistes, scientifiques, noise freaks, débutants et d’autres se réunissaient au PIF Camp (d’après piflar, le mot slovène pour dire geek), le premier hacker camp slovène.

Les participants ont saisi l’occasion de co-travailler, co-exister et co-créer ensemble et avec la nature, ce qui a produit une belle série de nouvelles créations. Ils venaient avec leurs propres projets, mais tout le monde était aussi content d’assister aux activités animées par les artistes invités et autres experts.

Le groupe cosmopolite comprenait des technophiles venus de partout en Europe et des Etats-Unis, qui travaillaient sur 13 projets différents : installations sonores, synthétiseurs analogues, textiles électroniques, appareils photos modifiés, analyse chimique de plantes…

Le PIF avait lieu dans la vallée de Trenta. © Katja Goljat
Travailler sur un synthé. © Katja Goljat

Piflar hackathon

Le hackathon s’est ouvert le lundi 3 août avec une première présentation de leurs intentions, idées et projets. Le camp s’est ensuite déroulé dans une forte ambiance de collaboration, avec une joyeuse diversité de projets et d’approches.

Animé par Peter Edwards, le groupe Soča Synthesis s’est mis à la construction de synthétiseurs. Ils ont commencé par fabriquer leurs propres circuits, parfois travaillant jusque tard dans la nuit afin de terminer à temps. Ensuite le groupe s’est lié avec la designer de textiles électroniques Lynne Bruning et son équipe.

Introduction à l’atelier Soča Synthesis de Peter Edwards. © Katja Goljat
Travailler tard la nuit. © Katja Goljat
Marc Duseiller dans son biohack lab improvisé… dans la salle de bain. © Katja Goljat

Biohacking à la montagne

Les ateliers pratiques du bio-hacker Marc Dusseiller permettaient d’effectuer des expériences sur des plantes locales, par exemple, l’analyse de son ou l’extraction de chlorophylle. Il travaillait également sur son Lab-in-a-Box, une boîte à outils portable destiné à l’analyse chimique sur le terrain.

Le Slovène Werner Machleidt travaillait sur un prototype de ses haut-parleurs Bluetooth solaires avec entrée analogique, chargement de téléphone portable et possibilités de manipulation sonore. Il y a intégré un synthétiseur fabriqué dans le groupe de Peter Edwards. L’ingénieur du son allemand Sebastian Frisch a fait des expériences avec les craquements sonores du bois séchant à l’aide de fils chauffants et de composants électroniques sur mesure.

Expériences hybrides. © Katja Goljat
Prototypage électronique sur plaques d’essais sans soudure nécessaire. © Katja Goljat

Changing Weathers

PIF Camp fait partie de l’initiative Changing Weathers, dédiée à la représentation des changements culturels en Europe, en considérant les facteurs qui l’influencent. Ainsi, ses activités et actions portent toutes sur les pratiques culturelles menacées par les changements et tensions climatiques, économiques, technologiques, sociaux, politiques, culturels, artistiques et géopolitiques à l’intérieur de l’Europe.

Le camp est organisé par deux partenaires : le Ljudmila, Art and Science Laboratory et Projekt Atol, toutes deux associations d’art slovènes dédiées à la production d’art nouveau média. Le Ljudmila Lab est spécialisé en pratiques, pédagogie et communautés DiY et DiTO (Do it Together), tandis que Projekt Atol est plus orienté vers la recherche scientifique et le développement technologique de prototypes.

Groupe de randonneurs sur le chemin de la montagne Travnik pour trouver des herbes. © Katja Goljat
Baignade fraîche dans la rivière Soča. © Katja Goljat

Le camp était situé dans la vallée entourée de sentiers en montagne, de berges sauvages et de richesses naturelles cachées. Les sessions intenses de geeking et hacking se mélangeaient à des randonnées relaxes et séances de baignade en rivière. Dario Cortese, expert punk rock en aliments sauvages, guidait les troupes en haut des montagnes en donnant des leçons de plantes sauvages comestibles.

La baignade dans les eaux émeraudes et glacées de la rivière Soča (à 10°C, il s’agissait plutôt d’une plongée rapide) était toujours en option pour ceux qui voulaient s’éloigner un moment des fers à souder, écrans d’ordinateur et circuits imprimés. Les fleurs et herbes du coin alimentaient les délices culinaires, mais les soirées étaient tout aussi animées par des jeux de cartes, de la musique live et des débats vifs sur la créativité.

Le clan de geeks réunis pour la semaine a présenté ses résultats lors du Open Saturday, jour culminant en ateliers, installations lumineuses, sonores et interactives, musique live et salade sauvage. Dans l’esprit de sa philosophie DiY et de partage, tous les projets réalisés au PIF Camp sont open source et seront accessibles sur le site web du PIF.

Jam session. © Katja Goljat

Le site du PIFcamp

Pour en savoir plus, les sites web du programme Changing Weathers,de Projekt Atol et du Ljudmila Art and Science Laboratory