Une flamme dansante, un vidéomaton, une éolienne en open hardware… Autant de promesses d’objets fabriqués à l’Open Atelier de l’association Labomedia, qui réunissait du 27 au 31 juillet artistes et makers à Orléans.
Orléans, envoyé spécial (texte et photos)
Quelque chose d’étrange se passe au 108 à Orléans. Du 27 au 31 juillet, des artistes et créateurs numériques venus de France et d’ailleurs s’attellent à changer le monde, projet par projet avec le Labomedia, une association de makers artistes numériques. Avec Benjamin Cadon, pilier du collectif depuis 1999, la visite des lieux commence par la cour intérieure.
Premier détail qui frappe : celle-ci est remplie de plantes, grimpantes ou non, en fleur ou pas. La faute au bourgeon de biohacklab du collectif, dont on découvre l’antre trois étages plus haut, sous les toits. « On a dans l’idée de lancer un lab, mais on n’a pas encore le matériel pour », explique Benjamin Cadon.
Métal chaud et flamme dansante
Mais le gros de l’activité du jour se concentre dans une pièce de l’autre côté de la grande bâtisse ancienne au centre ville, où une douzaine de personnes font chauffer leurs neurones. Là, dans les odeurs d’électronique et de métal chaud, Alessandro Vuillermin, de la compagnie de spectacle vivant Petite Nature, fait de la soudure de composants à côté d’une bougie fichée dans un tube.
« J’aimerais faire bouger la flamme avec des petits ventilateurs pour qu’elle mime les mouvements d’un danseur », décrit-il. L’appareil se branche comme n’importe quel projecteur de théâtre.
L’éolienne de la pale à la pile
Juste à côté de lui, Antoine (qui n’a pas souhaité donner son nom) travaille une pièce en métal dans une gerbe d’étincelles. Depuis 2003, il travaille sur un projet d’éolienne à construire avec les moyens du bord, facile à monter, facile à brancher, dans le cadre du projet open source Voosilla. Son but est de diffuser les plans du rotor et de la génératrice pour permettre à tous de décentraliser la production d’électricité.
Côté mécanique, il en est à sa troisième version, dont le but est d’augmenter la fréquence du courant produit. On trouve facilement des plans d’éoliennes sur Internet, mais il est beaucoup plus rare de dénicher des plans corrects de génératrices. Antoine documente l’avancée du projet en ligne et entend partager ses plans une fois complétés.
Influences et disfluences
Dans une salle plus calme au même étage, l’artiste Cécile Babiole travaille non pas sur un, mais sur trois projets de linguistique qu’elle développera sous forme d’installations. Le premier, le «distributeur de mots» SPELL, affichera une lettre d’un mot remarquable pioché dans le vocabulaire arabe des jeunes enfants d’immigrés d’une cité du nord de la ville. Le second présentera l’argot des collèges de ces mêmes jeunes, et le troisième sera une installation sonore sur les « disfluences », ces accidents du flux de la parole (« euh… », « hmm… »).
« À chaque fois que je viens ici, j’avance énormément », raconte Cécile Babiole, qui travaille sur ce triptyque en collaboration avec Olivier Baudu, linguiste de l’université d’Orléans. Les trois installations seront présentées lors du Cabinet de curiosité des langues de France, le 6 novembre prochain, au théâtre d’Orléans.
Le média des alpages
Après le son, la vidéo. Télé Millevaches, média local du plateau éponyme représenté à Orléans par Hélène Chaudeau et Clémence Davigo, teste une idée originale : un vidéomaton mobile. Le principe reprend celui du photomaton mais pour la vidéo : on s’assoit et on démarre l’enregistrement vidéo en appuyant sur un bouton. Après 30 ou 45 secondes, c’est dans la boîte. L’intérêt ? Recueillir facilement et de façon ludique l’avis des habitants du plateau, lors d’un évènement comme la Fête de la montagne limousine à Tarnac.
L’avancée des différents projets est présentée sur la page dédiée aux Open Ateliers