C’était hier 18 juin raout numérique au gouvernement, en direct de la Gaîté lyrique, où Manuel Valls, Emmanuel Macron, Marisol Touraine et Axelle Lemaire se voyaient remettre le rapport «Ambition numérique» du CNNum. Pas grand chose à se mettre sous la dent côté makers…
Jeudi 18 juin devait être un grand jour pour le numérique en France. Certes, le rapport «Ambition numérique» reprenant l’essentiel des contributions récoltées sur la plateforme dédiée par le Conseil national du numérique (le CNNum), contient 398 pages et quelque 70 propositions pour alimenter la future loi numérique, attendue pour le second semestre 2015. Certes, une brochette de ministres (dont la toute nouvelle Clotilde Valter, secrétaire d’Etat à la réforme de l’Etat et à la simplification) avait convoqué la presse à la Gaîté lyrique pour donner l’impression que le numérique est essentiel, et pas que côté répression (les geeks n’ont pas encore digéré la loi sur le renseignement…). Côté maker cependant, les annonces furent maigres.
La secrétaire d’Etat chargée du numérique a confirmé, en réponse à une question de Makery, la seconde vague d’appel à projets pour les ateliers numériques. Axelle Lemaire a souligné « le rôle crucial [de ces ateliers] pour la médiation numérique » sans donner de détails sur le montant ou le calendrier précis du nouvel appel à projets. Elle avait pourtant promis de parler au Président d’organiser une Maker Faire à l’Élysée lors de l’édition parisienne en mai dernier…
Le rapport Ambition numérique (disponible ici en version complète et là en version résumée…) propose donc quelque 70 recommandations pour nourrir la future loi, sur 4 grandes thématiques: «croissance, innovation, disruption», «loyauté dans l’environnment numérique», «la transformation numérique de l’action publique», et enfin «la société face à la métamorphose numérique».
On a épluché le rapport pour repérer ce qui relevait de la fabrication numérique, des fablabs, et plus largement de toute l’économie nouvelle issue du mouvement maker… Las, pas grand chose à se mettre sous la dent : le mot fablab n’est mentionné que huit fois sur 398 pages, dont deux pour définir le terme ! On voit bien qu’il est question d’« élaborer la stratégie industrielle de la France en matière d’innovation ouverte » en mettant en œuvre une « politique publique de l’innovation “nouvelle génération” » (proposition 39). On voit aussi un effort sur l’open data et l’open source, avec la proposition d’une plateforme pour les développeurs qui souhaitent créer des programmes avec les données de l’État, données qui bénéficieront d’une nouvelle notion « d’intérêt général » encore floue.
D’autres mesures relèvent davantage du symbolique : l’accès à Internet pourrait devenir un droit fondamental au même titre que l’eau ou l’électricité, et la neutralité du Net être inscrite dans la loi. Ces propositions louables font pour l’instant pâle figure en regard de ce qui se passe aux Etats-Unis, où Barack Obama orchestre en ce moment même la Week of Making et parle d’une «nation de makers».