Quel matériel acheter, comment convaincre la mairie, à qui confier les clés, quel statut juridique choisir… Ouvrir un fablab peut ressembler à l’écriture d’un quiz impossible. Pas mal de ressources existent en ligne. Makery en a sélectionné quatre.
10 commandements
Massimo Menichinelli est un chercheur italien fondateur de openp2pdesign, un site de recherche sur le design de processus et outils pour les communautés et leurs projets ouverts. Dans un article publié en 2013, il listait les « 10 choses à faire pour ouvrir un fablab ».
1. Partir du contexte local et de ses spécificités.
2. Identifier sa communauté et l’impliquer.
3. Développer le service, les business modèles et enfin le business plan.
4. Attention aux coûts cachés ! La sécurité, les charges…
5. Il y a toujours des contre-temps. Il faut faire preuve de patience.
6. Ne pas être seul, ne pas être plus de 3 ou 4, ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre.
7. Choisir ses machines d’après la liste de la FabFoundation. Préférer la découpe-laser et la fraiseuse numérique à l’imprimante 3D (qui est plus un outil de communication que de réelle production).
8. Les compétences techniques de l’équipe prévalent sur la qualité des machines.
9. Pour ne pas réinventer la roue, s’appuyer sur les labs voisins, leur rendre visite, recueillir les bonnes pratiques.
10. Tout tester et réaliser quelques projet-tests avant d’ouvrir.
Les 10 conseils détaillés de Massimo Menichinelli (en anglais)
3 questions fondamentales
Alessio Biancalana, habitué des fablabs, conditionne le bon démarrage d’un fablab à 3 décisions fondamentales.
Autonomie ou sponsor : L’autonomie nécessite souvent un volume conséquent de travail bénévole (et donc un temps disponible limité pour les membres de l’équipe), une contribution financière obligatoire pour les adhérents et un équilibre budgétaire parfois difficile à tenir. En revanche, la liberté qu’elle offre facilite le démarrage rapide du projet, la gouvernance agile du fablab, et la conduite en perpétuelle bêta test de la structure. A l’opposé, le fablab sponsorisé se construit avec un défi perpétuel : « rester neutre ». Autrement dit : être capable de dire non, respecter les valeurs du fablab et satisfaire les sponsors sans compromettre le projet. En revanche, un fablab sponsorisé est plus stable côté financement (sinon cette solution n’a pas un grand intérêt).
1500 dollars de matériel, au moins : Pour Alessio Biancalana, il n’y a aucune obligation, pas de liste absolue. Il n’empêche : « Il est difficile d’imaginer un lieu de prototypage sans le triptyque imprimante 3D, découpe-laser et fraiseuse numérique. » S’il y a toujours une nouvelle machine à acheter, quel que soit le budget du lab, 1500 dollars peuvent suffire à acquérir l’équipement minimal.
4 modèles de business : Pour faire rentrer les sous dans la caisse, Alessio Biancalana propose de fournir des services aux autres labs (bien sûr tous les labs ne peuvent pas vivre ainsi…), fournir des services de formation aux particuliers et/ou aux entreprises, se doter d’un incubateur, vendre un produit issu du lab (ou un service, l’idéal étant de répliquer cette production dans d’autres fablabs).
L’article de Alessio Biancalana dans Open Electronics
Vue à 360 degrés du Petit Fablab de Paris, dé-zoomez et naviguez en cliquant et faisant glisser votre curseur:
7 jours pour ouvrir son fablab
Le Fablab Amersfoort aux Pays-Bas partage sa recette pour monter un lab sur les chapeaux de roue. En « sautant un an de préparation, de demandes de subvention, de rencontres administratives ». Une recette en 7 jours pour 5000 euros. L’idée est de foncer, de s’installer un peu n’importe où (investir le garage d’un des membres, squatter un bâtiment inoccupé…), de commander des machines simples, aux dimensions modestes, quitte à les monter soi-même, mais aussi de faire le tour des magasins et entreprises d’électroniques pour faire leurs poubelles.
Harmen Zijp, à l’origine de ce tutoriel en 2011, est conscient de la limite de l’exercice. « En principe il est possible de tenir cet agenda, mais préparez vous tout de même à quelques retards et frustrations. » L’idée reste là : l’itération et la do-ocracie à fond les ballons pour ne pas s’embourber dans des processus de décision, validation. Un bon « tiens » vaut mieux que deux « tu l’auras ».
Le tutoriel du fablab en 7 jours
Les 9 étapes de la Fabfoundation
La Fabfoundation met l’accent sur les liens institutionnels pour sécuriser le projet par le biais de partenariats.
1. Trouver un hôte pour héberger le fablab (institution, école, centre communautaire…).
2. Trouver un « champion », le leader du fablab.
3. Établir des partenariats (Fabfoundation/MIT, mairie, région, sponsors…).
4. Sécuriser les financements via les partenariats.
5. Trouver et préparer un local aussi accessible à tous que possible.
6. Équiper, installer et mettre en service le fablab (le lab n’est pas encore ouvert).
7. Former l’équipe et former à former.
8. Identifier des projets (en résolvant un problème local autant que possible).
9. Feu ! Lancer le fablab avec une inauguration en prenant soin d’inviter les sponsors, partenaires, élus locaux pour qu’ils comprennent ce qu’est le lab et voient par eux-mêmes les premiers projets réalisés.
Les 9 étapes sur le site de la Fabfoundation
Vous avez vous aussi monté un fablab ? Partagez votre expérience dans les commentaires !
Ressources complémentaires :
Comment équiper son lab avec 1500 dollars (article de 2009)
Conseils et exemples de lancement de fablab par Bart Bakker, créateur du Minifablab en Hollande