Du 23 au 25 mai, Wikimedia France organisait un hackathon près de Lyon. 250 membres d’une communauté forte de millions de contributeurs bénévoles s’y sont réunis pour améliorer le partage des savoirs.
Lyon, envoyée spéciale
Décidément, la tech était à l’honneur en ce week-end de Pentecôte à Lyon. Alors que dans une église du centre ville se tenait l’événement Hack my church, des centaines de contributeurs codeurs se réunissaient à Valpré, bâtisse de la communauté religieuse des Assomptionnistes, pour un hackathon Wikimédia organisé par Wikimedia France. Le but : faire avancer le projet collaboratif et pourquoi pas, convertir de nouveaux venus.
Dans le jargon, Wikimedia France est un chapitre, une association locale affiliée à la Fondation qui chapeaute le projet Wikipédia et ses dérivés. Un mouvement global qui s’est donné pour mission de partager librement les connaissances à travers le monde.
Wikidata, Wikispecies, Wikitravel…
Si la masterpiece Wikipédia est connue de tous, les projets qui gravitent autour de la galaxie Wikimédia le sont moins : Wiktionnaire et ses définitions, Wikisource et ses livres tombés dans le domaine public (ou plutôt « élevés », corrige-t-on), Wikidata et sa base de données, Wikispecies et son répertoire des espèces vivantes et même Wikitravel, un guide de voyage qui fait débat dans la communauté.
Ce week-end, 250 wikimédiens de 22 nationalités avaient fait le déplacement dans la commune de l’ouest lyonnais, jusqu’à Lila Tretikov, directrice générale de la Fondation Wikimedia qui fêtera sa première année de prise de fonction le 1er juin 2015.
Et visiblement, ils sont friands de débats. On discute licence, fracture numérique, contribution des acteurs culturels, gender gap et concurrence aux services payants. On parle aussi, bien sûr, de la fiabilité des infos Wikipédia. Si les wikimédiens semblent un poil lassés par la discussion, elle n’en reste pas moins centrale. Des réflexions sont d’ailleurs en cours pour faire accepter Wikipédia par la communauté scientifique, précise Benoit Prieur, de l’association lyonnaise Wikimedia, comme par exemple en faisant « contribuer davantage les universitaires ».
Des outils pour mesurer la qualité et la fiabilité de Wikipédia
De l’autre côté du jardin, dans la salle où se réunissent les développeurs et autres apprentis codeurs, on essaie aussi d’améliorer la crédibilité et l’attractivité de l’encyclopédie. Ansgar Grüne, un développeur allemand, tente de mettre au point un outil pour mesurer la qualité des contributions des auteurs. « L’outil calculera le nombre d’éditions et combien de temps elles durent pour établir une mesure de qualité. » Chaque éditeur aurait ainsi une fiche utilisateur et une note. « Tu pourrais devenir très bon dans ton domaine, être reconnu pour tes contributions et peut-être, par exemple, trouver un travail. Tu ne participerais plus seulement par altruisme. » De leur côté, un groupe de newcomers, recrutés à l’école d’informatique Epitech, table sur un outil qui permet de vérifier la bonne syntaxe des contributions.
Greffer Open Street Map à Wikipédia
Améliorer, mais aussi corriger. Vendredi, au premier jour du hackaton, s’est tenue une discussion sur le thème de pourquoi Tool Lab, la librairie d’outils à disposition de l’armée de développeurs bénévoles qui maintiennent le réseau Wikimedia, craint. « C’est un outil construit il y a des années par la communauté, explique Giuseppe Lavagetto, un des quelque 270 salariés de la Fondation Wikimedia. La plateforme est un peu instable et il y a beaucoup de limitations. »
Un autre groupe tente d’enrichir le projet Wikipédia en y greffant celui d’Open Street Map. « C’est une fonction largement demandée par la communauté, assure Yuri Astrakhan, lui aussi employé par la Fondation. C’est une carte de très grande qualité et un cinquième des sujets de l’encyclopédie sont dans le sol. On a déjà les données GPS, mais on peut faire tellement plus », s’enthousiasme t-il avant de montrer les outils déjà intégrés (dont le discret bouton « carte »).
Tous les projets du week-end ne seront pas retenus par Wikimédia. Le hackathon aura au moins permis aux 70 employés dépêchés sur place de tendre l’oreille aux revendications de la communauté de bénévoles. « Ils nous parlent de leurs besoins, de leurs projets, se réjouit Moyz Syed, designer d’interaction à la Fondation. On a par exemple discuté de l’accessibilité de la plateforme aux utilisateurs atteints de handicaps ou à ceux qui parlent une autre langue. »