Et de deux! Après son fablab pour apprentis verriers près de Nancy, le Centre européen de recherches et de formation aux arts verriers (Cerfav) ouvre près de Paris un espace pour (ré)concilier artisanat et fabrication numérique. Visite.
Vincent Guimas, co-fondateur de la Nouvelle Fabrique (anciennement au Centquatre), nous attend derrière le portail de la rue Charles Auray à Pantin.
Sur Google Maps comme sur la boîte aux lettres, le lieu se nomme Cerfav. Si l’ancienne imprimerie abrite depuis quelques années des ateliers de verrerie de l’Ecole des verriers d’art (lire notre reportage), elle est en train de se transformer en une sorte de coloc d’ateliers rassemblant les mondes de l’artisanat et de la fabrication numérique. Bienvenue aux Arts Codés.
Dans la cour, une quinzaine de personnes s’activent autour d’un barbecue. A leur gauche, la maison sur deux étages hébergeait autrefois le gardien des fours à verre. Vincent Guimas entame la visite : « Ce sera bientôt notre lieu de vie et la cuisine partagée. » A leur droite, l’ancienne usine. Plus de 500 mètres carrés sur trois niveaux. Le vif du sujet.
Vincent résume : « Le Cerfav occupe le lieu depuis quelques années mais le loyer coûte cher. La Nouvelle Fabrique commençait à se sentir à l’étroit au Centquatre. Un ami commun, le designer François Brument travaille depuis plusieurs années entre savoir-faire artisanal et fabrication numérique. L’idée a germé d’une mise en commun. Déjà pour faire des économies de loyer, mais aussi pour créer des points de contact entre artisanat et numérique, et voir ce qu’il en sort. » Le Cerfav a déjà prouvé l’intérêt d’un fablab dans une école de verrerie, un art datant des Égyptiens. Les Arts Codés étendent l’expérience.
Société coopérative
Concrètement, les Arts Codés sont une SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif). Les lieux, le loyer et les compétences sont mis en commun entre les différents colocs. Actuellement, le Cerfav (une école), la Nouvelle Fabrique (un atelier), In-flexions (un duo de designers), Polyrepro (une entreprise de prototypage rapide), et Magnalucis (une start-up de mise en lumière d’œuvres). Enfin, une dizaine de coworkers seront accueillis au 1er étage. « Mais des coworkers impliqués dans l’atelier, précise Vincent Guimas. Ne serait-ce que parce qu’ils travailleront avec le bruit de l’atelier verrerie ! »
Une coloc ouverte
Le lieu est (un peu) ouvert à tous les jeudis et vendredis, pendant les jours « makers ». Des formations payantes seront organisées, allant d’un post-diplôme d’un an autour de la fabrication numérique avec l’école de design parisienne Ensci-les-Ateliers, à des modules d’une semaine de perfectionnement à l’usage d’une machine (découpe laser, fraiseuse numérique…), en passant par le « Fab Month », soit l’accès pour 150 € et un mois aux ateliers. Point original, l’utilisateur fera des économies en payant le temps machine avec des fabcoins, la monnaie des Arts Codés. 1.000 euros sont déjà en circulation sous forme de fabcoins.
500 mètres carrés sur 3 niveaux
Les occupants sont encore en train de s’installer en prévision de l’ouverture officielle début juin.
Ouverture officielle au grand public les 5, 6 et 7 juin, informations à venir sur le compte Twitter des Arts Codés
Texte et photos Quentin Chevrier