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Au Fablab Festival de Toulouse, l’union des labs face à 5000 visiteurs

La halle de l'Artilect vue à travers le filet anti-drones du DroneFest. © Quentin Chevrier

Un réseau national dans les tuyaux, 50 fablabs et 5.000 visiteurs au rendez-vous: le Fablab Festival de Toulouse passe haut la main le test de sa première édition. 

Toulouse, envoyés spéciaux (texte Carine Claude, photos et vidéos Quentin Chevrier)

Il y avait foule sous la halle d’Artilect pour le tout premier Fablab Festival. Du 6 au 10 mai, l’événement concocté par le fablab toulousain a accueilli plus de 5.000 personnes venues découvrir le mouvement maker et les projets des 50 fablabs ayant répondu à l’appel. A tel point que la manifestation, gratuite, affichait complet le samedi après-midi. Une surprise, de l’aveu même des organisateurs.

Vue du Fablab Festival à 360° (cliquez dans l’image pour vous balader):

Un festival monté en mode DiY

« C’était un challenge, car on ne savait pas trop comment allait se dérouler ce premier festival », confie Nicolas Lassabe, co-fondateur et président d’Artilect, qui a pu compter sur le coup de main d’un centaine de bénévoles pour aiguiller le public vers la multitude de micro-événements, ateliers, conférences et démos ponctuant les 5 jours de la manifestation. Au fond de la halle, une volière de 1.000 m2 accueillait même le premier Drone Festival. 

Pendant le FabFest, la volière du Drone Festival accueillait pilotes en herbe comme experts.

« Le Fablab Festival lui-même a été monté en mode DiY », explique son co-fondateur Claude Soria. Les 50.000 euros du budget, ajoute-t-il, un montant assez modeste pour un événement de cette dimension, ont été concentrés sur l’aménagement de l’espace et l’accueil des participants.

Des visiteurs découvrent l’impression 3D sur le stand du LabSud.

Il est loin le temps de l’authentique placard à balais de l’université de Toulouse où est né Artilect. Le plus ancien fablab français, structuré sous forme associative en 2009, réalise désormais un chiffre d’affaires entre 150.000 et 200.000 €. Sans compter les 80.000 € réalisés par Artilect Lab, une SAS créée pour répondre aux demandes d’entreprises.

Une stabilité qui rassure à la fois les collectivités territoriales et les partenaires, dont la Fondation Orange, venue présenter les premiers éléments de bilan de son appel à projets Fablabs solidaires lancé en 2014 et dont Artilect est bénéficiaire.

Démo du robot Poppy Project.

« Notre objectif était de permettre à un maximum de personnes de venir au festival, même si nous n’avons pas de recul sur l’événement car c’est une première », explique Sylvie Meslin Saint-Jean, déléguée régionale de la Fondation qui a alloué une enveloppe de 10.000 € supplémentaires pour le montage du festival. « J’ai découvert les fablabs et leur philosophie de partage avec l’appel à projets. Depuis, mon regard sur les makers et les hackers a totalement changé. »

Si les hackers ont été discrets pendant cet événement dédié aux makers (le festival de hack toulousain THSF se déroulant dans la foulée du 14 au 17 mai), Mitch Altman, figure historique du mouvement et fondateur du hackerspace californien Noisebridge, a réservé une visite surprise au FabFest, allant à la rencontre du public, montant et démontant à l’envi sa TV-B-Gone.

Interview express de Mitch Altman (en anglais) au FabFest 2015:

« Il est indispensable de s’ouvrir vers l’extérieur. Nous ne pouvons pas rester une bulle fermée. Il faut que l’on montre l’impact du mouvement sur l’économie, la culture, l’écologie, les modes de production. »

Nicolas Lassabe

Rencontre dans la bonne humeur entre hacker et maker : Mitch Altman (à g.) et Nicolas Lassabe (à dr.)

« Un moment historique »

Hormis le faire-savoir auprès du grand public, l’autre enjeu du FabFest était de rassembler en un seul lieu une majorité de fablabs français pour réfléchir à la structuration d’un réseau national, « un véritable serpent de mer », confie l’un des makers présent sur le festival.

Si le geste est symbolique, il n’en demeure pas moins que 40 fablabs (sur les 50 présents) ont apposé leur nom sur la liste préfigurant une future fédération, à l’issue de la journée marathon du 7 mai destinée à mettre à plat les problématiques rencontrées dans les fablabs.

Véronique Gaildrat, en charge du CampusFab de l’université de Toulouse, rejoint « La liste des 40 ».

Valeurs, gouvernance, lobbying… Alors que la majorité des labs présents s’accorde sur le bien-fondé d’un réseau national, les pierres d’achoppement ne manquent pas. Pourtant, les groupes de travail se sont constitués avant la fin du festival et le premier rendez-vous d’étapes fixé au 8 juin pour ne pas diluer dans le temps les bonnes volontés. « C’est un moment historique », résume l’un des participants.

Les représentants des fablabs guyanais sont venus : le projet de réseau porte au-delà de l’Hexagone.

Pour la prochaine édition en 2016, pas de pronostics. Nicolas Lassabe préfère rester prudent, malgré l’enthousiasme général. « Il faut garder une dimension que nous pouvons contrôler, y compris vis-à-vis de l’accueil du public », dit-il, avouant quand même être séduit par l’idée d’organiser des mini-festivals en dehors du lieu principal.

« Nous aimerions développer des thématiques différentes chaque année, pas forcément technologiques mais aussi humaines et sociales, en invitant des personnalités hors milieu makers, comme des philosophes ou des architectes ».

Gildas Guiella du Ouagalab au Burkina Faso, a été ovationné lors de la conférence de clôture.

Si le succès du Fablab Festival et les ambitions se confirment, pourquoi pas imaginer Toulouse comme ville d’accueil d’une future Fab Conférence ? « C’est vrai que serait un beau challenge d’accueillir la FAB14 en 2018… » Avec peut-être, d’ici là, une fédération nationale en ordre de marche.

Retrouvez les temps forts du Fablab Festival 2015 sur fablabfestival.makery.info

Les coulisses du FabFest 2015 en images