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Le LabFab de Rennes passe en mode étendu

Hugues Aubin (à g.), co-fondateur du LabFab de Rennes. © François Robin

Est-ce un nouveau modèle d’organisation des labs? Plus de deux ans après sa création, le LabFab de Rennes défend le Lab étendu. Son co-fondateur Hugues Aubin explique comment co-construire la Fab City sur 40 communes de la métropole rennaise.

Rennes, correspondance

Le LabFab rennais est déjà une fédération de 13 lieux : le fablab historique de l’école d’art, le nouvel atelier de la Maison des associations, l’atelier de robotique du lycée technique de Cesson, et 10 Etablissements publics numériques (EPN) équipés. Le LabFab, partenaire du Telefab (Telecom Bretagne) pour le prêt de matériel, revendique une quarantaine de projets en cours et plus de 300 inscrits à sa liste de diffusion. Maker et co-fondateur du LabFab, Hugues Aubin, chargé de mission sur les technologies de l’information à Rennes Métropole, défend la stratégie du «lab étendu», pour obtenir davantage de moyens, professionnaliser le projet, et trouver la martingale entre logique économique et politique publique. Interview audio en 6 thémas.

1. Modèle économique

« Comme tous les labs, on cherche notre modèle économique. »

2. Innovation

L’objectif du lab est de transformer un territoire historique d’ingénieurs (l’écosystème numérique rennais est le deuxième de France après Paris) en « territoire d’ingénieux ».

3. Une méthode

Le Lab étendu consiste à échanger du temps machine, du temps homme ou du prêt de matériel, dans tout lieu (bibliothèque, pôle de compétitivité, école, agriculteur, etc.) contre l’utilisation de la marque non-commerciale LabFab et éventuellement de la formation à la fabrication numérique.

« On essaie une méthode pour fédérer des tiers-lieux à petit budget, à petit staff. »

4. Formation des fabmanagers

Tous les lieux du Lab étendu publient leurs projets sur un portfolio unique, partagent le même calendrier et documentent leurs heures d’ouverture. A chaque maker de concevoir son parcours et son planning de réservation de temps machine entre les différents lieux.

« Plutôt que de budgéter un super atelier technique à l’échelle du territoire, il vaut mieux mettre l’argent dans les savoirs rares des fabmanagers, qui sont capables de former des formateurs. »

5. Le temps (lent) de l’innovation

Sont d’ores et déjà intéressés par le Lab étendu Epitech Rennes, le Centre Culinaire Contemporain, un lycée agricole, l’IETR (spécialisé dans le hertzien), l’INSA (campus historique d’ingénieurs), Excel Car (atelier de prototypage de véhicules financés par plusieurs constructeurs dans les usines PSA). En tout une vingtaine de structures devraient rapidement composer le Lab étendu.

Mais le changement de mentalité prend du temps, et l’expérience menée avec les EPN a montré que la conversion à l’innovation ouverte n’est pas si facile. 

« Il n’y a pas de recette miracle pour hybrider un fablab et les entreprises de son territoire. »

6. Gouvernance

La priorité du LabFab est de garder les fabmanagers existants ou potentiels sur le territoire, de les salarier et les démultiplier. Pour réussir ce pari, reste à trouver le mix entre politique publique d’investissement, ouverture à l’entreprise privée, et collaboration avec le monde de l’enseignement : le lab initie aussi une nouvelle forme de démocratie locale.

« Tout est possible. On est constamment en reconfiguration. »