Avec AKER, fabriquez votre ferme urbaine
Publié le 8 avril 2015 par Ewen Chardronnet
AKER propose des kits open source pour l’agriculture urbaine, comme des ruches, poulaillers, boîtes à compostage, et souhaite contribuer au développement d’un grand mouvement d’Open Farming.
AKER est un réseau international de makers qui s’est rassemblé ces deux dernières années autour du déclin des abeilles et des solutions à trouver pour l’apiculture et l’agriculture en ville.
L’initiative a émergé à Denver au Colorado autour du projet Open Source Beehives. En 2013, Tristan Copley Smith et Aaron Makaruk, des makers et développeurs de technologie libre de Open Tech Collaborative, se décident à concevoir un projet de ruche fabriquée à la CNC et surveillable à distance. Ils lancent alors l’initiative sur Indiegogo en s’associant avec d’autres compétences apportées par le Fab Lab Barcelona et le Self Sufficient Lab Valldaura associé à l’IaaC de Barcelone.
C’est un succès, le crowdfunding qui souhaitait récolter 20 000 dollars en rassemble 63 000. L’équipe prend la mesure des besoins et s’agrandit via les échanges sur forums.
Un an après la campagne, des centaines de ruches sont parsemées autour du globe, de Nouvelle-Zélande jusqu’en Belgique. Et les capteurs permettant de surveiller les facteurs de santé d’une colonie d’abeilles et de mettre les données sur Internet sont presque prêts.
AKER travaille avec le Smart Citizen Kit (SCK), une plate-forme open source développée au Fab Lab Barcelona et qui comprend trois couches technologiques : un dispositif matériel, un site et une API, ainsi qu’une application mobile. La carte compatible Arduino porte des capteurs qui mesurent la composition de l’air (CO et NO2), la température, l’intensité lumineuse, les niveaux sonores, et l’humidité.
L’équipe d’Open Source Beehives s’est bien élargie en un an, d’autres designers au Portugal, en Espagne ou encore Gustavo Arriaga au Fab Lab El Paso au Texas ont rejoint le projet.
Et comme l’apiculture reste un domaine spécifique, d’autres idées sont depuis venues à nos makers soucieux d’autonomie. Leur objectif : proposer un ensemble de kits open source à monter soi-même de différents outils permettant de produire sa propre nourriture. Le projet prend alors le nom de AKER.
L’objectif de AKER est de combiner la créativité novatrice du mouvement maker et les besoins de centralisation et de relocalisation des systèmes de production alimentaire. AKER souhaite promouvoir la reprise de contrôle sur la nourriture que nous ingérons : selon eux, les multinationales de l’alimentaire n’agissent pas suffisamment de manière responsable en ce qui concerne la santé et l’environnement.
AKER reconnaît que pour le citadin trop occupé, la culture prosommateur peut être intimidante. « Il y a beaucoup de choses à savoir sur la culture des plantes, sans oublier la partie bricolage pour créer vos propres lits surélevés ou votre poulailler. Et il y a aussi la question de l’espace — si quelqu’un vit dans un immeuble d’appartements, comment peuvent-ils participer de façon réaliste à la production alimentaire ? » reconnaît Tristan Copley Smith.
AKER a conçu des kits accessibles aux personnes qui ne sont pas très bricoleuses, des kits qui s’emboîtent rapidement sans vis ou colle. « Si vous manquez d’espace, le système utilise autant de place verticale que possible afin de maximiser votre zone de culture. Le système intègre également la modularité, ce qui signifie que vous pouvez connecter plusieurs kits pour répondre à des espaces plus grands, un peu comme des Lego mais pour l’agriculture. »
AKER est dans les derniers jours d’une nouvelle campagne Indiegogo. Pour Gustavo Arriaga, en charge du design de la boîte à compostage WormHaus, « cette campagne Indiegogo nous permet de prototyper le hardware (ce qui coûte cher) et de pouvoir continuer à développer les kits jusqu’à qu’ils atteignent un design réellement stable. »
AKER propose aussi une mise en réseau online des prosommateurs AKER, aussi bien pour trouver les fournitures agricoles urbaines dans un quartier que pour démarrer des réseaux de partage de nourriture. Tristan Copley Smith pense qu’associée à Open Farm, un Wikipédia de l’agriculture ouverte, cette culture de fabrique de fermes urbaines pourrait à terme profondément changer nos modes de vie.