Makery

Le Fablab orléanais met la main à la pâte

Nicolas Huchet, l'icone des makers, en novembre 2014 au pop'up lab de Makery. © Quentin Chevrier

Le Fablab orléanais lance le 7 avril «La main de l’espoir», initiative basée sur la prothèse open source créée par Nicolas Huchet. Visite des lieux fraîchement aménagés sur le site de Polytech.

Orléans, envoyée spéciale

Hébergé sur le site de l’école d’ingénieurs Polytech Orléans, le Fablab orléanais n’a pas attendu la fin de ses travaux le 4 mars 2015 pour être opérationnel. Heureux élu de l’appel à projets fablabs lancé par le ministère de l’Economie numérique en décembre 2013, il est ouvert au public depuis le 27 octobre 2014. « En journée, on est plutôt en mode start-ups. Les soirs sont consacrés à nos adhérents, l’ambiance est plus décontractée », explique Filipe Franco, directeur de ce fablab de 250 m2 qui emploie deux personnes à temps plein.

Plutôt dédié aux TPE et PME, le projet a été porté par Orléans Val de Loire Technopole, en partenariat avec l’université d’Orléans et d’autres partenaires économiques, des établissements de formation, de transfert de technologies et des associations, avant d’être incubé pendant deux ans.

Filipe Franco (à gauche) présente un projet de radio open source. © Carine Claude

L’annonce de l’ouverture du fablab s’est répandue comme une traînée de poudre dans le milieu des start-upers orléanais. Charlotte, designer du bureau d’études Autem spécialisé dans les bioplastiques, vient y faire ses essais de découpe laser façon « dentellière » dans un matériau à base d’amidon.

« J’avais essayé au cutter, mais c’est impossible. Ici, on fait des découvertes, dit cette abonnée professionnelle qui bénéficie d’un suivi personnalisé sur les formations. Et puis, il s’agit aussi de s’amuser. »

De la découpe laser façon « dentellière ». © Carine Claude

Le directeur, pour qui « c’est la qualité de l’accompagnement qui compte », prend le temps d’expliquer le fonctionnement de chaque machine, et joue le rôle de coach dans la gestion des projets. 

« Il s’agit avant tout de déterminer avec précision à quelle étape de prototypage on se situe dans le processus industriel », explique-t-il. Et d’alerter sur le budget. Si le coût horaire de l’impression 3D reste raisonnable à 6 euros de l’heure, la facture peut devenir très salée pour des prototypes nécessitant plusieurs dizaines d’heures d’impression. Et plomber le budget d’un projet.

18 élèves du collège La Croix St Marceau prêts pour une initiation :

Pour changer d’échelle, Polytech mettra un atelier à disposition courant 2015 équipé d’une fraiseuse grand format de 5 x 3 m, idéale « pour quelqu’un qui travaille sur des concepts de bateaux, par exemple ».

Plusieurs projets plus modestes sont déjà portés par le Fablab orléanais, dont une « radio 2.0 » et une fraiseuse capable de graver des circuits électroniques ou encore la fabrication de mini drones avec une groupe de jeunes en décrochage scolaire suivis par le programme L’envol de la Banque Postale.

Fin février, sept jeunes en difficulté sont venus fabriquer leur drone au fablab. © DR

Pour l’heure, l’une des fiertés de Filipe Franco est « La main de l’espoir », une prothèse de main imprimée en 3D monté avec Nicolas Huchet, lauréat régional de l’appel à projets de la Fondation Orange. « J’ai rencontré Nicolas il y a quelques années lorsque j’ai commencé à m’intéresser au concept des fablabs, explique le directeur du Fablab orléanais. Je me suis mis à rechercher des projets et je suis tombé sur le sien. »

Amputé de la main droite suite à un accident du travail, Nicolas Huchet s’est fixé pour objectif de créer une prothèse fiable et reproductible en open source pour moins de 1000 euros : c’est le projet Bionico Hand, lancé en 2013 avec le LabFab de Rennes. Avec Filipe Franco, ils imaginent alors comment réaliser des prototypes de ces prothèses au Fablab orléanais, en y associant des jeunes de la Mission Locale en insertion professionnelle.

« On va s’occuper de la partie électronique et mécanique de la main, mais on aura peut-être envie d’y ajouter quelques fonctionnalité ludiques, comme un lecteur de codes barres par exemple », précise le directeur. Un programme de formation sur trois mois à destination de ces jeunes permettra de les initier à la fabrication numérique et leur donner des compétences spécifiques à valoriser sur le marché de l’emploi. « L’idée serait aussi que Nicolas puisse monter sa propre structure une fois le prototype finalisé. C’est notre boulot de l’accompagner ».

Le site du Fablab orléanais

Le site de Bionico Hand, la prothèse de main open source