Makery

Cultures végétales DiY pour paysages urbains

Projet aquaponique Risebox, développé en un petit mois dans le cadre du concours «Du Green dans le Gris». © Nicolas Barrial

Légumes connectés, aquaponie et autres idées vertes à gogo. Organisé par la Fonderie, le concours «Du Green dans le Gris» a fait pousser une vingtaine de prototypes d’agriculture urbaine.

« Du Green dans le Gris », c’est écrit dans le nom du projet, cherche à faire pousser les projets d’agriculture urbaine. Organisé par la Fonderie, soutenu entre autres par la jardinerie Truffaut, le site de financement participatif Ulule, les ateliers Draft ou le Centre régional de valorisation et d’innovation de l’agriculture (Cervia), ce concours entamé le 13 février s’est achevé par une remise de prix le 20 mars (Makery faisait d’ailleurs partie du jury). Revue de quelques-uns des prototypes préfigurant un retour bienvenu de la nature en ville.

La miniature de Garden Up, une ferme empilée, et son tricycle de transport.

Les lauréats :

Catégorie outdoor : Eugénie Pfeil, Élise Legrand et Julie Dumetz pour Garden Up, une cabine de jardin transportable qui se déploie en mini ferme.

Catégorie indoor : Matthieu Schmidlin, Elie Guillaumes et Agathe Leroux pour GRIN, une serre d’intérieur munie d’un tiroir de compost et d’une application dédiée.

Le prix du public a récompensé Léo Bel et Laura Pouppeville pour Jeune pousse, un projet de potager éducatif pour école primaire.

Prime à la finition pour les vainqueurs : à peine plus d’un mois après leur sélection, les candidats devaient déjà déposer les outils. Mais tous les protos tenaient debout lors de la remise des prix. Voici un coup de projecteur sur d’autres projets qui ont retenu notre attention. 

Le plus savant fou : la boîte à pousse

Si Apple fabriquait un germoir, il ressemblerait peut-être à ça.

Commençons par les graines, avec ce labo de germination connecté qui initie à la culture hors sol. Compact, élégant, on a l’impression d’être un laborantin agronome quand on l’utilise. Car oui, on peut y faire pousser n’importe quelle graine, en gérant les paramètres d’humidité, de température et de luminosité depuis un ordinateur. Et en plus, on peut surveiller la pousse avec la webcam.

La nurserie sous haute surveillance (capteur de température en bleu et webcam en vert).

Yves Mongo, ingénieur designer, nous a donné sa recette en exclusivité : 

– « Le chassis est en MDF 10 mm. L’habillage en ABS est découpé au laser.
– Impression 3D du panier et la cuve. Fonds panier découpé au laser.
– Réservoir : un Tupperware percé avec raccord cannelé jusqu’à la pompe. Pompe et électrovanne 12v.
– Carte Arduino Yun (gestion actionneurs, capteurs et serveur), interface wifi, local ou distant via Yaler.
– Bande de LEDs blanches 12v. Ventilo d’ordinateur. Capteur de température et d’humidité DHT11.
– Une caméra mise à nue, reliée en USB à l’Arduino. »

Le coût de fabrication est d’environ 200 euros, en passant par du matériel de récup (dont 65 euros pour l’Arduino Yun). Benjamin Fuks, le développeur du projet, a conçu l’interface en utilisant le framework AngularJS. Les données capteurs ont été converties sous forme graphique avec Thingspeak.

Le plus écolo-chic : de la cuisine à la cuisine

Le bar américain, c’est ringard. Vive la cuisine aquaponique.

Faisons maintenant un tour par la cuisine, avec ce meuble écolo auto-suffisant, projet porté par Valentin Martineau et Yoann Vandendriessche, du Collectif Bam et Wild Human Life. L’aquaponie est traitée ici sous forme d’un plan de travail dédié aux produits frais (tiroirs à graines, champignons, légumes).

Le proto a nécessité 60 heures de travail pour un coût de 750 euros. @ Collectif Bam

Le meuble est fabriqué en matériaux de récupération mais sous ses airs néo-rustiques, il cache beaucoup de technologie. Certaines simples, comme le bocal germoir à l’éclairage équipé de capteurs photosensibles, d’autres plus élaborées, avec bien sûr, le système aquaponique (la moitié des 750 euros qu’aura coûté le prototype) où les déjections des poissons servent d’engrais pour les végétaux. La pompe et le suivi des données sont gérées par un Arduino, caché dans un casier technique avec une entrée USB.

Enfin, pour favoriser sa reproductibilité, le meuble est en open source. L’équipe compte poursuivre la conception de meubles intégrant la production d’énergie mécanique, la culture de plantes médicinales, d’insectes, etc.

Le plus Tamagotchi : la souris verte

La souris verte, kit pour enfants futurs jardiniers connectés. 

Hugo Hilaire, développeur, Alexandre Cheikh, Pierre Carpentey et Keoma Brun, étudiants en architecture et en informatique, ont conçu La souris verte, un kit DiY connecté pour les fabkids. Il contient un pot à monter, un boîtier de surveillance et une application qui donne les besoins en eau, température et lumière de la plante. Le projet a pour but de créer « un lien affectif entre l’enfant et le végétal ».  

Le projet fonctionne avec un Raspberry Pi mais nécessite un branchement Ethernet pour transmettre les données (faute de temps). Les concepteurs travaillent sur une version bluetooth avec un émetteur BLE et un Arduino Yun, pour éviter la configuration du wifi et permettre une alimentation sur batterie. Selon Hugo Hilaire, le proto reviendrait entre 60 et 80 euros. L’équipe envisage de tout publier sous licence libre.

Le plus soleil vert : Sunseek

Une serre solaire à domicile. 

Inspirée par les tournesols et baptisée Sunseek, cette serre en matériaux légers chasse le soleil et le stocke. Ce qui frappe tout de suite, ce sont les cellules photovoltaïques sur le toit. Par souci d’élégance, le choix s’est porté sur des panneaux relativement onéreux. Mais à l’usage, la serre, positive en énergie, peut alimenter deux ordinateurs portables.

L’ingénieux système pour orienter la serre manque un peu de puissance.

L’équipe composée d’Ariel Martin Pérez, Axel Vendeuvre et Cyprien Deryng verrait bien la serre sur les toits des immeubles ou en équipement collectif, la gestion et le contrôle des niveaux pouvant s’effectuer à distance.

Retrouvez plus d’infos sur le site Du Green dans le Gris

Texte et photos Nicolas Barrial