Makery

Engineer Lolo: Arduino dans la peau

Engineer Lolo : jamais sans sa caisse à out' de maker... © Léonce Lolo Atanley

Alors que le TRATECH, sorte de maker-faire de la Kwame Nkrumah University of Science and Technology (KNUST) de Kumasi au Ghana touche à sa fin, Léonce Lolo Atanley, toujours un Arduino dans le sac à dos, partage avec Makery ses projets de maker averti pour l’Afrique.

Doctor Quad en réparation, entre de bonnes mains. © Léonce Atanley

« A l’âge de 4 ans, j’ai reçu à Noël une voiturette rouge de sport télécommandée. J’étais émerveillé à chaque fois que je la faisais bouger mais encore plus curieux de comprendre comment c’était possible. Ca m’a marqué. » Léonce Atanley

Très jeune, dans sa banlieue de Lomé au Togo, Léonce Lolo Atanley développe une curiosité innée pour les geekeries, en ayant pris l’habitude d’aller squatter les bancs des réparateurs d’appareils électroménagers, afin d’observer leurs astuces de bricoleurs. A 26 ans, ce jeune togolais étudie désormais avec passion l’ingénierie électrique et électronique à la Kwame Nkrumah University of Science and Technology (KNUST), à Kumasi au Ghana et a les labs dans la peau.

Rencontre avec « Engineer Lolo »

La première fois que j’ai rencontré Léonce Atanley, au BootWoeCamp de décembre 2013 à Lomé, j’ai été amusée par son rire tonitruant, son franglais improbable et sa vraie geek attitude. Armé d’une bouteille en plastique et de cartes Arduino, en pleine démonstration de son projet de régularisation automatique du démarrage et de l’arrêt des pompes à eau, il était convaincant.

« La plupart des systèmes de réserves d’eau en Afrique de l’Ouest n’ont pas de gestion automatique. Rien qu’à mon université, il y a du gaspillage ! Le projet s’appuie sur Arduino et est destiné à aider la population à mieux gérer son eau, source de vie. » Léonce Atanley

Les circuits imprimés sur-mesure, le dada de « Engineer Lolo ». © Léonce Atanley

La seconde fois que j’ai recroisé « Engineer Lolo », il avait voyagé en bus jusqu’au Burkina Faso pour le bootcamp du Ouagalab en juin 2014, avec… ses deux énormes caisses en métal lourdement remplies de matériel de bidouille. Et plutôt que d’aller siroter une Brakina au maquis avec les collègues, il avait préféré rester au calme pour finir de préparer avec sérieux son atelier du lendemain « Fabriquer son propre circuit imprimé ». Maker un brin consciencieux donc.

Creativity Group + MIT Fablab Takoradi

C’est lors du TRATECH 2013 de son université (l’équivalent d’une maker-faire), que Léonce Atanley découvre Creativity Group : une association créée par des étudiants-ingénieurs souhaitant partager leurs compétences et prototyper ensemble leurs projets. Adoption immédiate.

De jeunes ghanéennes découvrent la technologie des makers © Léonce Atanley

Avec Creativity Group, qui œuvre désormais davantage comme une ONG, Léonce Atanley participe à plusieurs concours et multiplie les activités et expérimentations : ateliers estivaux de sensibilisation des jeunes filles à la technologie (en partenariat avec le groupe Waaw : Working to Advance STEM Education for African Women), envoi dans les airs d’un ballon équipé de capteurs récupérant des données météo, etc.

Creativity Group autour du ballon, prêt au décollage © Léonce Atanley

« Ce sont les membres de Creativity Group (Thanks to Samuel Amoako-Frimpong), qui m’ont formé à Arduino, et maintenant j’avoue ne plus pouvoir me passer de cette plaquette magique ! Merci Massimo Banzi ! » Léonce Atanley

C’est également via Creativity Group qu’en mai 2013 Léonce Atanley met les pieds au MIT Ghana Fablab de Takoradi, au sud du pays, pour prototyper le DoctorQuad − un drone pensé pour apporter des médicaments dans les villages éloignés − et travailler sur un système de panneau solaire DIY, des robots à base d’Arduino, etc.

Le MIT Ghana Fablab est hébergé au sein de l’Institut Technique de Takoradi. © Caroline Grellier
Creativity Group accueilli au MIT Ghana Fablab. © Léonce Atanley
Le job de Doctor Quad : apporter des médicaments dans les villages éloignés. © Léonce Atanley

Pour le TRATECH 2015 organisé par son université, Léonce Atanley a choisi d’orienter ses projets vers la sensibilisation des étudiants à la bonne gestion du courant électrique : une vraie problématique que connaît même le MIT Fablab de Takoradi, contraint de partager son générateur avec le restaurant d’en face, se privant ainsi de courant plusieurs fois par semaine. Et sans courant, pas de machines à commande numérique… « Engineer Lolo » a donc réalisé plusieurs prototypes dont un système d’éclairage automatique ne fonctionnant que sur la base d’une présence humaine, un système audio amplificateur ou encore un dispositif télécommandable à distance par bluetooth via une application smartphone.

Des projets développés à moindre coût, fabriqués en local, destinés à démontrer aux étudiants le potentiel de solutions que contient la boîte à outils d’un maker-ingénieur un peu équipé.

MicroP-lab : un lab dans sa chambre

« MicroP-lab est un rêve d’enfance : avoir un coin pour inventer et fabriquer des machines qui améliorent le quotidien de la population. Micro-Projects for people ! » Léonce Atanley

Une chambre de maker mordu d’Arduino, ça ressemble à ça. © Léonce Atanley

Léonce Atanley trouve son inspiration autour de lui, en observant le quotidien de son entourage. Parmi ses dizaines de projets en cours, la fabrication de 1001 radios fm alimentées par énergie solaire à distribuer dans les villages coupés des informations du pays, mais aussi un système automatique de rappel d’heures de visites pour les établissements médicaux de la région. Une fois les tests validés, des prototypes seront d’ailleurs installés dans la Clinique Autel d’Elie à Lomé.