Un fablab pour accompagner la sortie d’un film. C’est le projet de l’association Wild Touch qui prépare la sortie en octobre 2015 de «La glace et le ciel» de Luc Jacquet, documentaire autour du climatologue Claude Lorius, lanceur d’alerte historique sur la question du réchauffement climatique.
Texte et photos Quentin Chevrier
Luc Jacquet, réalisateur du documentaire oscarisé La marche de l’empereur, prépare dès maintenant la sortie en octobre de La glace et le ciel, un nouveau long métrage qu’il souhaite voir jouer un rôle en amont de la Cop21, la conférence mondiale sur le réchauffement climatique qui se tiendra en décembre à Paris. Le film s’intéresse à la figure du célèbre glaciologue français Claude Lorius, premier à avoir mis en évidence le lien entre les taux de concentration atmosphérique en gaz à effet de serre et l’évolution du climat. Le réalisateur et l’association Wild Touch qu’il a fondée ont prévu tout un attirail d’outils pédagogiques pour accompagner la promotion du film, dont la création d’un fablab.
Au-delà du long métrage, c’est d’ailleurs un méta-projet que propose La glace et le ciel : le film de cinéma sera accompagné d’une expédition en Antarctique à l’automne et d’un documentaire de télévision, Enfants de l’Anthropocène, réalisé par Dimitri Grimblat. L’âge de l’Anthropocène sert de postulat de départ à ce documentaire qui donne la parole à ceux qui tentent de réinventer notre société : Rob Hopkins, spécialiste de la permaculture et initiateur du mouvement des villes en transition, Jared Diamond, spécialiste de l’extinction des sociétés (Maya, île de Pâques, etc.), et Tomas Diez, du fablab Barcelona, que nous avons également interviewé cette semaine.
Un lab pédagogique pour sensibiliser les citoyens
C’est peut-être la première fois qu’un lab se crée à l’occasion de la sortie d’un film. Pour Luc Jacquet, qui veut garder vivant l’esprit du tournage, « l’élément essentiel de notre action est la transmission d’un message et de savoirs ». Le lab tire ainsi du film sa thématique, ses financements, ses fondateurs et sa première communauté. Chaque film du réalisateur a en effet été rendu possible par une communauté composée de membres aussi hétérogènes que complémentaires. « Tous ces gens ont un bout de la solution, nous voulons garder les communautés des films soudées et vivantes », affirment en chœur Luc Jacquet et Vincent Demarthe, directeur de production chez Wild-Touch. D’où la création d’un lab pédagogique qu’ils nomment fablab.
Une équipe 100 % féminine
Le lab vient d’ouvrir à deux pas de la place de la Bastille à Paris et conçoit pour le moment son équipement en fonction des projets à venir. « Nous ne voulons pas commencer par acheter des machines qui risquent de prendre la poussière, nous voulons d’abord accueillir des projets, puis s’équiper en fonction », explique Audrey Tondre, la responsable du fablab de Wild Touch qui travaille à l’animation du lieu avec la glaciologue Anne-Claire Bihan-Poudec, une femme de terrain ayant passé 7 ans dans le grand Nord.
Mais quels projets ? Si le lieu a le nom de fablab, son fonctionnement est plus proche de la médiation artistique que de l’atelier partagé. Les projets attendus doivent partir d’un concept artistique, afficher un intérêt pédagogique et traiter de la préservation de l’environnement. Wild Touch étudiera les propositions avant d’accueillir une initiative. Un démarrage modeste, autour d’enjeux qui restent majeurs.
Le lab Wild Touch partage les valeurs fondatrices des fablabs. « On tourne nos films avec beaucoup de prototypage de matériel, on s’est toujours laissé le droit à l’erreur. Le lab fonctionnera sur ce principe également. L’industrie du cinéma est devenue plus que frileuse. Fermée. Exigeante et intransigeante. Nous voulons mettre les savoir-faire de Wild Touch à la disposition de projets neufs. » Luc Jacquet veut donner à des jeunes créatifs les opportunités qu’il aurait aimé pouvoir saisir à ses débuts.
Le site du projet pédagogique, gratuit et ouvert, « La glace et le ciel »