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Game and the City (dé)joue la banalité du mobilier urbain

Public en nombre au hackathon Game and the City de Stereolux à Nantes. © Carine Claude

Du 27 février au 1er mars, le laboratoire Arts et technologies de Stereolux s’est amusé à détourner le mobilier urbain nantais pour la deuxième édition de son hackathon Game and the City.

Nantes, envoyée spéciale (texte et photos)

Un abribus transformé en nichoir à bestioles digitales, une poubelle à danser ou un panneau d’affichage qui se prend pour une ardoise magique. Après 54 heures de marathon créatif, les 35 participants de Game and the City, le hackathon du laboratoire Arts et Technologies de Stereolux remet un peu de poésie ludique dans le mobilier urbain de la ville de Nantes.

Pour cette deuxième édition, c’est la remise en question des usages de l’espace public que ce labo d’expérimentations artistiques numériques a voulu sonder, en surfant sur la tendance du hacking urbain et de la « ludicité » de nouvelles pratiques de la ville. D’où l’appel à participation lancé auprès des game designers, architectes, développeurs et étudiants de la région pour imaginer des détournements de mobilier urbain « luttant contre la passivité des usagers ».

54h de hackathon, c’est long : dernières retouches pour la poubelle interactive TOTEM.

Le lab a fait salle comble dimanche pour la restitution des projets et les tests des protos fort éloignés de la destination principale des abribus, poteaux et autres bancs publics. Passablement épuisées, les cinq équipes ont tour à tour pitché leurs ébauches sur scène. « 24h de plus auraient été l’idéal, mais avec ce type de challenge, on se dit toujours qu’on aurait besoin d’une journée supplémentaire, il faut juste savoir s’arrêter », dit Olivier Daïrien, fabmanager du FabMake, qui a prêté main forte au hackathon en fournissant imprimantes 3D, découpes laser et autres machines de prototypage rapide.

Cinq ébauches ludiques en deux jours

Pour rendre les abribus moins austères, la première équipe a imaginé NIDS, un jeu en temps réel où le voyageur attrape des mascottes grâce à un QR Code, pour ensuite les déposer à son abribus de destination. En colonisant le réseau, singes bleus, hiboux et autres créatures digitales cartographient trajets et flux de passagers. Des paysages de jungle ou de forêts diffusés par vidéoprojecteur, associant ambiances lumineuses et sonores, animent l’abribus en fonction de l’écosystème principal du moment, déterminé par le nombre et le type de mascottes déposées.

Attendre son bus dans un NIDS.
Des animaux mascottes pour dérider les passagers du réseau des bus nantais.

Avec Draw Magic, deux joueurs installés de part et d’autre d’un planimètre — ces écrans publicitaires qui font défiler les affiches — réinventent le concept de l’ardoise magique en manipulant deux disques et deux potentiomètres. Aux joueurs de deviner ce qui se dessine de l’autre côté en mode Pictionary.

L’un des disques de la borne Draw Magic tout juste finalisé :

Principale attraction des minots fort nombreux lors de la présentation, la poubelle musicale Totem au scénario d’usage simplissime : le joueur doit danser sur quatre dalles connectées pour reproduire une mélodie à 4 notes chantée par la corbeille. Même si, au final, on saute beaucoup sur place pour faire un maximum de bruit.

Les enfants jouent à la marelle sonore avec la poubelle écolo-musicale Totem.

Plus contemplatif et destiné aux balades nocturnes, le banc PAE attrape le promeneur grâce à une poursuite lumière déclenchée par Kinect, le périphérique de console permettant de contrôler des jeux vidéo sans utiliser de manette. Une fois installé sur le banc, le promeneur déclenche la vidéoprojection de panoramas urbains poétiques qui modulent le paysage environnant.

 

Trois designers et deux développeurs ont choisi un poteau d’affichage d’horaires pour imaginer quoi faire de cette vigie haut perchée qui domine les paysages urbains. « On en avait marre de voir les gens se promener avec un smartphone à bout de bras ou au bout d’une perche (…), surtout qu’on ne voit jamais les paysages derrières les selfies », explique l’un des participants. Panora Me transforme le mât en machine à selfie panoramique, dont on déclenche l’appareil photo par une appli pour smartphone. Et pour les amateurs de selfies architecturaux et de jeux de perspectives, un maillage de bandes adhésives blanches dessine au sol une anamorphose de cube qui ne prend son sens que lorsque la photo est prise.

Le dispositif d’anamorphose de Panora Me, pour se faire prendre en photo comme dans un cube.

La documentation du hackathon en ligne sur le site de Stereolux