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Lyon fête la lumière en morse avec «Surexposition»

Le faisceau en morse de «Surexposition» dans le ciel lyonnais pendant la Fête des lumières. © Samuel Bianchini

Un faisceau géant en morse illuminait le ciel de Lyon pour la traditionnelle Fête des lumières. «Surexposition», sous la direction de l’artiste Samuel Bianchini, en partenariat avec Orange Labs et l’Ensad lab, collectait les SMS des visiteurs pour donner à voir et entendre le «pouls de la ville».

(Lyon, envoyé spécial)

Du 5 au 8 décembre, lors de la Fête des lumières à Lyon, Surexposition ne pouvait pas se rater. Visible depuis toute la ville, un immense faisceau blanc en morse s’élevait dans le ciel depuis un monolithe noir tout aussi impressionnant, placé au sommet de la colline de La Croix-Rousse. Au-delà de leur aspect monumental, ces signaux expédiés à très haute altitude traduisaient les messages envoyés via le réseau mobile par une communauté d’usagers éphémères utilisant l’application téléchargeable dédiée.

Placée directement sur le monolithe, à côté de la retranscription des messages transmis, une carte de l’activité en temps réel du réseau lyonnais Orange permettait d’ailleurs de visualiser davantage cette étrange entreprise de « prise de pouls de la ville », procédant concrètement d’un travail collégial entre différents labs, mené sous la direction de l’artiste Samuel Bianchini, enseignant-chercheur à l’EnsAD, l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris.

Du morse et un affichage en temps réel du réseau téléphonique lyonnais. © DR 

« Le projet repose sur un partenariat Orange-EnsAD », explique Samuel Bianchini. « Orange, avec un apport financier et une collaboration de recherche via Orange Labs, et l’EnsAD, avec EnsadLab, notre laboratoire de recherche, et plus particulièrement le programme de recherche que je dirige, Reflective Interaction, et le Large Group Interaction, eux-mêmes engagés dans le programme de recherche Cosima (un programme de recherche sur les médias collaboratifs et interactifs basé sur les développements technologiques web et mobile les plus récents). »

Méthodologie communautaire

Si l’utilisation du morse, « l’un des premiers langages de communication technologique à distance » selon Samuel Bianchini, n’est pas sans incidence sur la nature du projet, de par « son élégance graphique et rythmique, pouvant être transformée en différents types de signaux, ici lumineux, mais aussi sonores – ce qui devrait être le cas pour une prochaine version de Surexposition », sans oublier celle du monolithe noir,  « une forme élémentaire presque archétypale de la boîte noire comme du monument », sa logique essentielle réside dans la dimension communautaire que sous-tend la mise en synergie du réseau d’usagers Orange.

« C’est le cœur d’un projet qui ne peut en aucun cas se réduire à une simple installation », résume Samuel Bianchini. « Cette dimension communautaire peut également comporter un caractère secondaire religieux au sens fondamental : ce qui nous relie aux cieux et entre nous. Cela faisait en tout cas sens dans le cadre de la Fête des lumières, qui est d’abord une fête religieuse. »

C’est aussi une logique communautaire ou tout au moins collective qui se retrouve dans la méthodologie même du programme de recherche Reflective Interaction, dont plusieurs créations pour le moins singulières devraient bientôt suivre, comme cet intrigant MisB Kit, un « toolkit pour prototyper et expérimenter des objets à comportements ».

«Surexposition», sur le plateau de la Croix Rousse à Lyon. © Samuel Bianchini 

Le site du projet Surexposition