Le kit antiviol DiY n’existe pas… Cependant, en cette journée internationale de lutte contre la violence faite aux femmes, notre Bricole it Yourself vous donne quelques clés, que vous soyez un homme ou une femme, pour agir.
On était partis d’une idée un peu bête –on vous l’accorde : trouver un tuto qui collerait à l’actualité du jour, cette Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Naïvement, on imaginait trouver mille ressources et idées de makers et makeuses pour alerter et prévenir la violence. Las… On a bien trouvé quelques vidéos démo pour concevoir divers wearable anti-agressions (le bracelet anti-agression à moins d’un dollar : des clous fixés sur un bout de tige de métal de récup, fixé avec de la colle sur un bout de mousse pour le disposer au poignet par exemple)… Mais la majorité des vêtements de protection émanent de survivalistes qui attendent la grande catastrophe en s’équipant au mieux de tenues de camouflage et pare-balles à gogo. Or, la violence faite aux femmes, comme le rappellent ce mardi 25 novembre les chiffres choc de l’ONU concerne une femme sur trois dans le monde, qui la plupart du temps sont victimes de leur conjoint… Le gilet pare-balles au lit n’est pas vraiment une solution…
Un problème de garçons
La plupart des sites dédiés à la question des violences faites aux femmes évoquent au contraire la prévention, l’écoute, l’accueil des femmes en souffrance… et la nécessaire mobilisation pour parler aux garçons avant que, plus grands, ils ne reproduisent la violence de papa. Pas de kit anti-viol miracle dans ces cas-là : aucune sirène ou soutien-gorge à décharge électrique ne pourra renverser le rapport de force qui s’institue à l’abri de tout regard extérieur.
En Inde, après les affaires de viol de femmes et la mobilisation de la population en 2013, des étudiants (deux filles et un garçon) avaient imaginé un soutien-gorge, SHE (Society Harnessing Equipment) qui, en cas d’agression, envoyait des décharges de 3,8 millions de volts et alertait la police par SMS. Mais comme le rappellent les associations féministes, ces annonces ont eu pour principal mérite de faire un peu de lumière sur des pratiques révoltantes et pourtant encore largement sous-évaluées (2,6 milliards de femmes et de filles vivent dans des pays où le viol n’est pas criminalisé, selon l’ONU).
Militer, signer, diffuser…
Alors, voici un petit kit multi-média anti-violences faites aux femmes, pour militer en ligne, pour défendre et rappeler aux hommes leur position ultradominante (on s’étrangle encore à la lecture du Point qui titre «Journée mondiale des violences faites aux femmes : n’oublions pas les hommes!» – et s’il n’y a pas de lien, ce n’est pas un oubli…).
Pour commencer, le magazine ELLE donne quelques trucs pour parler du sujet sur les réseaux sociaux, en diffusant le logo mondial (orange) ou le ruban français (blanc), ou en signant la pétition d’Osez le féminisme sur le féminicide. On peut y ajouter les propositions de retweet des campagnes officielles de l’ONU ou leur infographie réalisée pour l’occasion. Et hop, la voici:
On peut se procurer les chiffres officiels pour la partie française du dossier, par ici, pas reluisants non plus (une femme décède tous les trois jours sous les coups de son conjoint…), rappeler et diffuser le numéro 3919 « Violences Femmes info », gratuit et anonyme depuis début 2014 (60 534 appels reçus du 1er janvier au 31 octobre 2014).
Toujours dans un mode DiY activiste, on relaiera cette campagne vidéo suédoise qui fait froid dans le dos et donne aussi la mesure de nos responsabilités collectives. Une petite expérience en caméra cachée dans un ascenseur : dans un coin, un couple se déchire… jusqu’à l’agression physique. Une énorme majorité de personnes qui ont été témoin de l’agression n’ont rien fait.
«Abused in the elevator (Social experiment)», 2014:
On recommande particulièrement la page dédiée à l’action du site Women des Nations Unies : pour retweeter le message de Nicole Kidman ou partager une vidéo virale, signer en tant qu’homme un engagement pour l’égalité de genre (la campagne He for She a déjà reçu 194 000 signatures, dont 7 587 en France)…
Pour finir sur une note plus joyeuse, on s’inspirera de ce prototype imaginé par le collectif arty coréen Shinseungback Kimyonghun: un jeune Coréen porte beau sa veste Aposematic (l’aposématisme, c’est la capacité de certains animaux à émettre des signaux d’alerte lorsqu’ils sont en danger). Truffée de caméras 360°, elle permet d’envoyer des messages du type « gaffe, mec, j’appelle la police » et d’envoyer en temps réel les images de l’agression à ladite police. Ce projet « fashion wearable », relayé par le site Clausette, a été conçu à base de Raspberry Pi et de mini-caméras. On pourrait donc tout à fait adapter au féminin et en version Bricole it Yourself.
La veste Aposematic du collectif Shinseungback: