Makery

On a proto-testé WeIO, l’Arduino des designers connectés

Rien de tel qu'un petit proto pour tester une carte programmable. © Quentin Chevrier

Le 30 octobre, à l’ENSCI-Les Ateliers à Paris, l’équipe de Nodesign présentait à quelques dizaines de personnes WeIO : leur nouvelle carte programmable destinée aux designers d’objets connectés. Makery y était… et l’a aussitôt bêta testé.

Texte et images Quentin Chevrier, code Aurélien Fache

Jean-Louis Frechin ouvre la soirée de présentation de WeIO à l’ENSCI – Les Ateliers.

Depuis 2 ans, Uroš Petrevski, Draško Drašković et Jean-Louis Frechin planchent sur une carte programmable faite pour les designers d’objets domestiques. Ils terminent actuellement leur campagne Indiegogo avec succès. Pour l’équipe, les designers ont appris à coder et à monter des circuits électroniques simples, souvent avec Arduino. Lorsqu’ils souhaitent connecter leurs objets à une quelconque donnée, ceux-ci se retrouvent devant l’Everest de l’Internet des objets (IDO) : la gestion des données, des connexions, des serveurs…

« L’Internet des objets devrait être aussi simple que l’Internet des écrans. » Uroš Petrevski

C’est cet Everest que WeIO promet d’aplanir pour que le designer aille directement de l’électronique à l’application. « C’est du HTML5 dans le monde réel. » Concrètement, la carte embarque une connexion wifi et un serveur. « Le code se fait directement dans le navigateur, pas besoin de logiciel dédié ni de maîtriser Linux » (attaque à peine masquée à Arduino et Raspberry Pi).

Draško Drašković et Uroš Petrevski, créateurs de WeIO, présentent le kit à venir pour WeIO.

Très vite, on connecte son WeIO au wifi domestique, ou à son smartphone, ou à n’importe quel ordinateur à portée de connexion. C’est par ce système embarqué immédiat que WeIO compte recentrer les designers sur leur priorité : l’usage d’un objet connecté résolvant un problème. Insistons sur le connecté. Uroš Petrevski l’affirmait dans les murs de l’ENSCI-Les Ateliers : « Sans le wifi, WeIO ne sert à rien. »

Le Proto de Makery : la borne à Vélib’ connectée

Session de prototypage sur le bureau.

Pour nous faire une idée de la facilité de prise en main promise par l’équipe WeIO, celle-ci nous a confié l’un des dix prototypes en bêta test. L’idée : notre bureau est situé près d’une borne Vélib’ dont le nombre de vélos disponibles est relativement variable (et donc souvent décevant). Chaque soir, la question se pose : Vélib ou métro ? On sort le smartphone, sélection de l’application, chargement, géolocalisation… c’est long et répétitif. Avec notre prototype d’objet connecté domestique, un compteur de Vélib’, nous savons à chaque instant le nombre de vélos disponibles.

 

Une vidéo publiée par Makery France (@makeryfr) on

 

Pour faire simple : le proto a nécessité une carte WeIO, un servo-moteur, du carton, du Scotch, un marqueur, la création d’une clef API pour récupérer la donnée de notre station, et l’hébergement de cette donnée sur une page PHP.

Après quelques bugs au démarrage, les développeurs WeIO nous dépannent avec une mise à jour du système (rien de surprenant, un bêta test c’est fait pour ça), le code nous aura pris quelques minutes. C’est en fait la partie carton/Scotch qui nous aura pris le plus de temps !

Le code du compteur de Vélib’.

Pour un prototype monté avec une carte tout juste déballée, le WeIO s’est montré d’une grande simplicité (pas de software, pas de Linux, pas de serveur…). Notons tout de même que notre essai n’a en rien poussé la carte dans ses retranchements.

De l’open source, de l’open hardware, du vrai

WeIO a été choisi pour « We » et « IO », input/output.

WeIO n’intègre aucun brevet déposé. Le code du projet est disponible sur Github (avec 6 contributeurs à ce jour), et la liste détaillée des composants utilisés devrait elle aussi bientôt être accessible en ligne. « Tous sont achetables à l’unité !» Pour Draško Drašković et Uroš Petrevski, ce détail a son importance. « Sur Raspberry Pi, si vous avez fait un bon prototype et que vous souhaitez faire un circuit électronique dédié, dérivé de la carte, c’est compliqué. Leurs composants ne sont pas achetables à l’unité. » Pour les designers, cette facilité de gagner de la place sur la carte (et de l’argent) en limitant le nombre de composants a son importance. Cependant, la liste n’étant pas disponible à ce jour, nous n’avons pas pu vérifier cette promesse.

La documentation est d’ailleurs l’un des points à améliorer rapidement, de l’aveu de l’équipe. Les efforts de Nodesign porteront sur l’amélioration de la carte WeIO, « plus performante, moins chère ». Ils n’imaginent pas de créer une carte 4G ou une miniWeIO.

Serveur Tornado, 1,4W… place à la technique

Sur la forme, WeIO ne propose pas d’excentricité. Sobre, la carte est légèrement plus volumineuse qu’un Arduino Yun, aligne les pins pour le branchement de composants annexes, propose un port USB classique et un micro-USB… Quelques originalités : un thermomètre intégré, une LED RGB de série ou encore un slot pour carte microSD, si vous souhaitez faire de WeIO un serveur local.

Uroš insiste : WeIO est un projet européen. Le routage (le design de circuit imprimé) de la carte est réalisé par 8devices en Lituanie.

A gauche, un Arduino Yun, à droite un WeIO.

Côté wifi, WeIO intègre un serveur Tornado sensé supporter la charge de milliers de connexions. La carte est aussi capable de s’interconnecter avec ses semblables. Enfin, wifi activé, sa consommation est de 1,4W. Pour vous éviter le calcul : un WeIO branché sur une batterie de smartphone tiendrait environ deux jours, sans alimenter de composants gourmands en énergie.

Arduino a des «shields», WeIO aura des modules.

WeIO devrait être disponible en 2015, pour environ 60 euros.

Le site web de WeIO

La campagne Indiegogo (déjà réussie à 363%) est ouverte jusqu’au 12 novembre à 9h