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Où sont les femmes ? Dans les fablabs brésiliens…

A la fabjam du Garagem fablab, en juin 2014. © Fabien Eychenne

Au pays du « fabrique você mesmo » (fabriquez le vous-même), les fablabs et hackerspaces brésiliens ont un public mixte. Alors que l’univers des makers, au moins en Europe, est encore largement dominé par une population masculine, le Brésil ferait mieux sur la parité. Pourquoi ?

(São Paulo, envoyé spécial)

Une des premières choses qui peut surprendre lorsque l’on vient d’Europe et que l’on va à la rencontre des fablabs brésiliens, est la place presque égalitaire qu’y occupent les femmes. Dans les ateliers, les évènements, les débats et les formations, les publics sont généralement très mixtes.

Lors de la première Fabjam organisée au Garagem fablab, 7 des 14 participants étaient des femmes. Le Flickr public du Garagem de São Paulo, affiche autant de femmes que d’hommes. Ces observations pourraient paraître caricaturales, voire machistes, pour toute personne non familière des fablabs. Force est de constater qu’en France, et plus généralement en Europe, la parité est loin d’être établie.

Au Garagem, le fablab de São Paulo. © Creative Commons Garagem Fab Lab 

Il n’existe, à notre connaissance, pas de statistiques globales sur les publics des fablabs à un niveau mondial. Nous nous sommes néanmoins penchés sur la base de données du site fablabs.io, soutenu par la Fabfondation. Dédié à la communauté fablab, fablabs.io permet aux labs de se déclarer en étant validés de manière pair à pair. Les fondateurs, fabmanagers ou personnes associées au fablab sont ensuite rattachés à la structure. Ce ne sont donc pas les utilisateurs, mais les créateurs du lieu.

Genre et fablabs

Cette méthodologie n’a pas la prétention d’être parfaite, surtout au vu du faible échantillon… Il n’existe néanmoins aucun chiffre permettant de valider ou infirmer notre ressenti. La base de données de fablabs.io, qui a vocation à recenser l’ensemble des fablabs, peut être un bon point de départ pour évaluer le genre des utilisateurs des fablabs. Nous avons compté et classé par genre les personnes rattachées aux lieux telles qu’elles apparaissent sur Fablabs.io. Ce qui donne le tableau suivant :

 

Source : au Brésil, sur 10 structures, 14 hommes et 14 femmes, en France, sur 51 structures, 60 hommes et 10 femmes, en Espagne, sur 15 structures, 32 hommes et 7 femmes, aux Pays-Bas, sur 26 structures, 24 hommes et 3 femmes.

Les chiffres sont éloquents : si la parfaite parité au Brésil est un pur hasard, les chiffres des trois autres pays européens montrent à quel point les femmes y sont sous représentées. De plus, au Brésil, sur les 10 structures existantes, 3 ont été créées par des femmes, Fab lab Brasil Association, Fab lab Floripa et Olabi. En France, 2 labs seulement sur 51 sont portés par des femmes : Kelle Fabrik à Dijon et La Fabulerie à Marseille.

Si le constat est facile, il est plus malaisé de se pencher sur les causes. Le récent rapport Etat des lieux et typologie des ateliers de fabrication numérique, publié en France par la DGCIS, fournit quelques statistiques sur les formations des fabmanagers. 20% ont une formation en design, communication et/ou architecture, 58% ont une formation technique, informatique et/ou industrielle. Difficile d’extrapoler sur ces chiffres, mais plusieurs rapports, dont un sur la filière numérique, montrent que les femmes sont sous-représentées (seulement un quart des emplois). Cette constatation est également valable chez les ingénieurs, une profession à 17,4% féminine.

Un public de designers et d’architectes

Le Brésil n’a pas encore établi de chiffres sur la question. Des entretiens menés avec les « fabmanageuses » et trois fondatrices de labs paulistes font ressortir que les designers et les architectes sont les premiers publics de ces fablabs. Plusieurs des fablabs brésiliens dans lesquels nous nous sommes rendus sont également très tournés vers l’éducation avec des programmes comme Fablab Kids. Ils sont également souvent moins techniques que ce que nous avons pu observer en France. Notre expérience des fablabs français montre qu’ils sont généralement « colorés » aussi bien par les porteurs de projet que par les animateurs qui amènent souvent avec eux leur propre communauté d’intérêt ou de formation. Cela pourrait expliquer des publics plus hétérogènes au sein des fablabs brésiliens.

Difficile néanmoins de tirer des conclusions définitives. La présence des femmes restera-t-elle aussi paritaire dans les fablabs brésiliens ?