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Mathilde Berchon : «Ses utilisateurs ont transformé l’impression 3D en profondeur»

Une table d'imprimantes Ultimaker et Makerbot à Barcelone lors de FAB10. © Quentin Chevrier

Mathilde Berchon signe la deuxième édition (en moins d’un an !) de « L’Impression 3D », aux éditions Eyrolles. Un best-seller pour « rejoindre le mouvement », dit-elle.

La réédition augmentée de L’impression 3D, un ouvrage truffé d’informations pratiques pour les béotiens comme pour les spécialistes, aux éditions Eyrolles, est un signe de l’avancée de la fabrication numérique dans les esprits. Nous avons passé à la question son auteur, Mathilde Berchon, spécialiste de la question et fondatrice de Makingsociety.com.

Pourquoi cette deuxième édition de L’impression 3D ?

La première édition de L’impression 3D a été un véritable succès: le livre sorti en juillet 2013 a fait l’objet d’un premier retirage dès septembre. 3000 exemplaires se sont vendus en moins d’un an et il était épuisé au printemps. La deuxième édition est donc venue comme une évidence. Tout au long de l’année, j’ai reçu de nombreux messages de lecteurs qui ont été inspirés par le livre et apprécient son approche pragmatique et accessible. Cette seconde édition était l’occasion de les remercier chaleureusement. L’impression 3D a été transformée en profondeur par ses utilisateurs, ce livre est là pour informer et accueillir ceux qui s’intéressent au sujet et rejoignent le mouvement.

Quelle est la proportion de contenus nouveaux? 

Cette seconde édition est une complète mise à jour, notamment iconographique. Elle est aussi davantage centrée sur l’impression 3D en France, avec un nouveau chapitre qui dresse un panorama d’ensemble des initiatives sur le territoire. L’impression 3D évolue vite et nécessiterait en effet des mises à jour toutes les semaines. Les nombreux cas d’étude et exemples évoqués dans le livre permettent d’expliquer les changements en profondeur et les questionnements entrainés par l’impression 3D, qui, eux, sont appelés à durer.

D’après les retours des lecteurs de la première édition, pensez-vous que l’ouvrage s’adresse en priorité aux particuliers (makers en herbe) ?

L’impression 3D s’adresse aux particuliers mais aussi aux professionnels désireux d’obtenir une information complète et transversale sur le sujet. Parmi mes lecteurs, j’ai rencontré aussi bien des makers que des chefs d’entreprises (souvent des PME) et des artisans qui voulaient comprendre exactement ce qu’est la fabrication additive, quels sont ses usages professionnels et personnels et comment ne pas rater la marche. Ce n’est par contre pas un livre pour apprendre à imprimer en 3D ou un guide comparatif pour acheter son imprimante 3D. Concernant cette demande récurrente, j’ai travaillé ces derniers mois à la traduction d’un livre de MAKE qui répondra à ce besoin, à paraître dans la même collection Serial Makers, toujours chez Eyrolles.

L’impression 3D est plus que tendance, et les discours qui théorisent la « révolution de la fabrication numérique » particulièrement enthousiastes (voire exagérément optimistes). Comment analysez-vous l’engouement actuel pour l’impression 3D ?

L’intérêt pour l’impression 3D personnelle a commencé à se faire sentir en 2011 mais a réellement explosé en 2013. J’y vois une convergence de facteurs, appuyés sur un terreau préparé de longue date par la littérature et le cinéma. Le projet RepRap devrait vraiment recevoir les honneurs de la communauté, c’est le passage en open source de ces machines qui a fait naître le mouvement, et au sein des hackerspaces, qui ont été de véritables lieux d’incubation et de rencontres pour tous ceux qui entendaient parler de ces machines.

L’enthousiasme des discours des débuts autour de l’impression 3D pour les particuliers est un schéma classique de l’adoption d’une innovation technologique dans la société. C’était un moment hautement nécessaire, qui a permis de faire naître des passions, de constituer une large communauté internationale et de faire émerger des centaines de très beaux projets, mais aussi beaucoup d’inutiles et de copies sans intérêt. On entre aujourd’hui dans un moment de remise en question de l’optimisme naïf des débuts, et il y aura sans doute un repli – nécessaire – du nombre d’acteurs du marché.

Ces prochains mois et années vont être le véritable test pour l’impression 3D pour les particuliers. Elle a selon moi un avenir puissant en matière d’entrepreneuriat. Il n’a jamais été aussi facile qu’aujourd’hui de lancer son entreprise et vivre de ses inventions, et l’impression 3D y contribue grandement. C’est un sujet qui me passionne et que j’essaye de couvrir sur MakingSociety.com.

L’impression 3D, 2e édition, Mathilde Berchon, éditions Eyrolles, 200p, 25€.

Lire quelques chapitres de L’Impression 3D