Et de deux ! Le pays basque espagnol aura son deuxième fablab estampillé MIT à l’université de Bilbao. Décollage prévu en décembre 2014.
Bilbao, envoyée spéciale
Porté par Szilard Kados, ingénieur d’origine hongroise du centre de recherche de l’Institut technologique de l’université de Bilbao, le nouveau fablab devrait ouvrir ses portes en décembre 2014. Après deux ans de préfiguration, le DEUSTO fablab s’installera sur 400m2 mis à disposition par la faculté.
Financement en mode parcours de combattant
Pour l’heure, le futur fabmanager s’active tous azimuts pour rassembler les équipements adéquats et négocier ferme avec les revendeurs. « Un des soucis que l’on rencontre quand on installe un fablab est que la majorité des équipements viennent des Etats-Unis : il est difficile de négocier les tarifs et l’importation coûte une fortune. D’ailleurs, je sais que les fablabs de Barcelone réfléchissent à une liste d’équipements européens, ce qui nous simplifierait la vie de tous…», explique l’ingénieur dans un mélange d’anglais, d’espagnol, de basque et de hongrois ! Il s’est rendu à Fab10, la réunion internationale des fablabs à Barcelone, avec la ferme intention d’en savoir plus à ce sujet.
Si la direction du département Engineering de l’université soutient activement le projet, la question de son financement n’est toujours pas résolue. « Nous n’avons pas de donateurs, c’est pourquoi je cherche du discount à tout prix », précise-t-il. Autre écueil de taille : une récente proposition de loi espagnole sur le financement participatif s’avère très restrictive pour l’utilisation du crowdfunding, levier de plus en plus sollicité dès lors qu’il s’agit de monter un fablab. Elle prévoit de limiter la contribution individuelle à 3 000 euros maximum par projet. Une goutte d’eau pour financer un fablab.
L’annonce, qui a provoqué une levée de boucliers de la part des associations et des start-ups espagnoles, devrait être assouplie pour les entreprises, sans qu’il soit pour le moment question de revenir sur le plafond des financements individuels.
Politicians from Spain (who never EVER setup a Company) trying to limit crowdfunding investment… The joke of the day.
— Miguel Silva (@MSilvaConstenla) February 28, 2014
(Traduction de ce tweetos signé d’un entrepreneur espagnol : « Les politiciens espagnols (qui n’ont JAMAIS créé une entreprise) essayent de limiter l’investissement en crowdfunding. La blague du jour. »)
Un master de fabrication numérique à la clé ?
En attendant que les différents départements de l’université débloquent des fonds, Szilard Kados peaufine : « Je veux pouvoir tout faire dans ce fablab, ce qui implique aussi d’acheter du matériel que l’on ne trouve pas forcément dans les autres fablabs. Par exemple, je souhaite mettre en place des installations de tests pour mesurer la durée de vie d’un matériau, sa surface ou encore ses qualités d’élongation. » Pour réfléchir à tout ça, il compte bien mettre à contribution les compétences des ingénieurs des sept départements du Centre de recherche de l’université qui se penchent aussi bien sur des questions de mobilité ou d’éducation, que d’énergie ou d’ingénierie informatique.
« Imaginer les futures activités d’un fablab est très excitant, souvent bien plus que la R&D pure et dure. »
Szilard Kados, DEUSTO fabmanager
« Le fablab fera partie des équipements des ingénieurs, mais je souhaite qu’il soit également ouvert aux chercheurs et bien sûr aux étudiants et au grand public, car beaucoup de lieux prétendent être des fablabs alors qu’ils ne sont pas accessibles à tous ! » En attendant, il poursuit sa tournée des 15 fablabs espagnols (dans le Pays basque espagnol, un autre fablab existe déjà, le Denokinn basque fablab à Santurtzi) pour entretenir le réseau et trouver de bonnes idées pour l’avenir : « L’idéal serait de mettre en place un master en fabrication digitale qui prenne appui sur le fablab, mais ce n’est par pour tout de suite, car il faut au moins deux ou trois ans pour qu’un fablab tourne… »