FAB10 : « Les fablabs ont un problème d’identité »
Publié le 5 juillet 2014 par la rédaction
Alors que Fab10 a pris son rythme (présentations-danse des labs-ateliers-café) à Barcelone, Sherry Lassiter de la Fabfoundation exprime tout haut ce qui s’entendait tout bas : « Un de nos plus gros problèmes, c’est l’identité. »
Barcelone, de notre envoyé spécial (texte et photos Quentin Chevrier)
Sherry Lassiter présidente de la Fabdfoundation du MIT, à l’origine des FabConferences, animait un workshop sur les réseaux locaux de fablabs qui servent notamment à la rencontre et l’entraide entre structures géographiquement proches. C’est le cas en Amérique Latine, au Bénélux, en Asie, en Russie, au Canada… mais pas tellement en France.
#fab10 Le réseau russe grandit très vite et compte déjà une trentaine de fablabs. A suivre de près…
— Makery France (@makeryfr) 3 Juillet 2014
#fab10 le réseau canadien n’est pas dans des conditions géographiques pratiques pr les rencontres… « c’est grand et peu peuplé » @qcechofab — Makery France (@makeryfr) 3 Juillet 2014
#fab10 le réseau italien des fablabs grandit vite. A suivre sur http://t.co/fn0Wldw7IZ
— Makery France (@makeryfr) 3 Juillet 2014
En fin de workshop, Sherry liste rapidement les thématiques récurrentes dans les échanges entre fabmanagers : la pérennité financière des labs, les liens à renforcer entre réseaux géographiques, les critères d’évaluation et de suivi des fablabs, et… l’identité des fablabs, affirmant: « Un de nos plus gros problèmes, c’est l’identité des fablabs. » C’est simple, à partir de là, plus personne n’évoque la pérennité financière, les liens entre les réseaux ou les critères d’évaluation.
Ce problème monopolise le débat. Pour un responsable de lab allemand, c’est une question de marque : « Il y a quatre grandes marques dans la fabrication numérique, Make (Make Magazine, Maker Faire…), Techshop, hacker et… fablab. Nous ne travaillons pas assez notre marque. » Pour un représentant du Bénélux, « comparé au makerspace, le fablab semble moins fun ». Tollé général. Le point de vue d’un labber philippin fait l’unanimité : « Notre “plus” comparé à un makerspace, c’est notre engagement dans l’éducation et le partage des ressources. » Sur le papier, Learn, Make et Share sont en effet les trois piliers de l’action des fablabs.
La cloche sonne la fin du workshop de Sherry Lassiter. Makery a cherché à savoir si ce problème d’identité touchait d’autres fabmanagers, croisés dans les allées du Disseny Hub de Barcelone où se tient la conférence FAB10 depuis mercredi 2 juillet.
Marc Olivier, fabmanager de l’échofab (fablab, Québec) différencie le makerspace du fablab dans les pays anglo-saxons. « Chez nous, les makerspaces s’apparentent davantage à des clubs de modélisme avec une petite communauté peu ouverte se réunissant une fois par semaine, alors que le fablab est bien plus ouvert avec une mission d’éducation. »
Le fondateur du fablab de Madrid, qui pousse l’ironie jusqu’à s’appeler Makespace, donne un avis moins tranché : « C’est de plus en plus difficile de trouver un dénominateur commun à tous les fablabs gravitant autour de la Fondation. Les fablabs sont sensés être dédiés à l’éducation en mettant l’accent sur Learn et Share. Mais certains makerspaces le font aussi… Les makerspaces sont sensés être moins accessibles que les fablabs, mais certains fablabs ne sont ouverts au public qu’une demi-journée par semaine… »
« Des makerspaces et lieux indépendants de la Fondation participent à FAB10 cette année, et ils s’entendent plutôt bien avec les fablabs », se félicite l’une des organisatrices de la Fabconference. De fait, la Fabfoundation ne contrôle pas très précisément l’emploi du terme fablab, pas plus qu’elle ne mène d’actions restrictives sur l’utilisation du terme fablab. Ce choix des fondateurs a permis au réseau de grandir rapidement mais implique aussi une dilution de l’identité des fablabs.
Mais bon, « on s’en fout pas mal de cette guéguerre de noms », nous a-t-il été plus que fréquemment répondu.
FAB10, résumé des épisodes précédents…
Depuis mercredi 2 juillet, les premiers jours de FAB10 rassemblent les porteurs d’environ 250 fablabs en provenance de 40 pays. Ce week-end est l’occasion d’accueillir le grand public pour le convaincre de l’intérêt de recourir à la fabrication numérique. Après cette séquence familiale et bon enfant, retour aux choses sérieuses dès lundi avec la partie symposium. Résumé des débats et ateliers des fabbers. de 40 pays
« Hi, so we have just created a new fablab… »
Comme un grand dîner de famille annuel sur nappe blanche à carreaux, FAB10 permet de présenter à tous les petits nouveaux. Les jeunes pousses viennent d’Oslo, Amiens, Madrid, Belfast, Taipei, Donetsk (Ukraine)… complétés par quelques projets comme InnoCampus, un projet de fablab mobile à but éducatif, ou 3Ddoctors, une plateforme de gabarits 3D à paramétrer directement en ligne avant de les exporter en format STL imprimable. Comme au premier jour, tous sont chaleureusement applaudis.
Fabercize, pour le corps et l’esprit fablab
Les fablabs aiment leurs quartiers, les objets, la science… et Solidworks ?
La session post-café est consacrée à la présentation de projets d’envergure et d’exemples concrets de réalisations made in/with/by fablabs. Jeudi 3 juillet, un lab d’Amérique du Sud (dont le nom nous a échappé, désolé) expliquait comment son équipe hacke la ville, soit en construisant des modules sur mesure pour skateur, soit en incluant dans les recoins inertes des rues des habitats en bois.
Le fablab de Turin donne des envies d’impression 3D au public avec sa Fixing Machine. Avec ce programme, les maladroits dessinent des sparadraps à imprimer en 3D pour les objets brisés (en porcelaine ou en céramique par exemple).
PublicLab (Public Laboratory for Open Technology and Science, Pérou, Etats-Unis) met à disposition de tout un chacun des outils open source de science de l’environnement (des capteurs de pollution par exemple). Des milliers de contributions ont déjà été soumises sur le site, très bien accueilli par la communauté scientifique. Ses fondateurs voient plus loin : certains des capteurs proposés sont connectés et aident des chercheurs à récolter des données à grande échelle (de pollution, d’ensoleillement, de pluviométrie…).
Dassault Systèmes monte sur scène pour une annonce fracassante : tous les fablabs membres de la Fabfoundation auront accès à une licence pro de Solidworks, le logiciel propriétaire de design 3D. La nouvelle est chaleureusement accueillie. Et si vous êtes un fablab non membre de la fondation et que vous souhaitez bénéficier de ce partenariat… « Il suffit de s’inscrire sur le site de la Fondation, c’est simple et rapide », conseille Marie Planchard, directrice éducation et communauté pour Solidworks chez Dassault Systèmes. Un « cadeau » qui nourrit les conversations à la pause déjeuner.
Vu en ateliers
Christina Hug, de The Makers Nation, a interrogé 100 makerspaces (dont 30 fablabs de la Fabfoundation) pour mieux cerner les points communs et les divergences de ces lieux, ainsi que leurs principaux besoins. A la vue des premiers résultats, aucun fossé ne se creuse entre les types de lieux ou les continents. Tous partagent notamment les cinq même sources principales de revenu (cotisations, ateliers, soutiens publics, événements, contrats avec des corportations).
#fab10 Étude menée sur 100 labs dans 22 pays. Voilà les 5 principales sources de revenu. Des questions ? pic.twitter.com/iBnAcFnfvZ — Makery France (@makeryfr) 3 Juillet 2014
#fab10 les 3 principaux besoins des labs : Funding, marketing, expertise. (étude sur 100 labs, 22 pays) — Makery France (@makeryfr) 3 Juillet 2014
Il y a des fablabs partout dans le monde. Du coup, certains traversent des crises politiques et des guerres… Les fabmanagers d’Egypte, d’Ukraine et d’Israël échangeaient sur une éventuelle action pacificatrice des fablabs dans le contexte d’une crise politique.
# FAB10 The peace model or How fablab could act as a model to bring peace ? pic.twitter.com/V6YlJp6yCZ — Quitterie Largeteau (@QuitterieL) 3 Juillet 2014
L’atelier de travail du cuir victime de son succès : trop de novices sur le logiciel de design et la machine ont rendu l’atmosphère tendue, l’odeur de cuir brûlé n’aidant pas beaucoup à détendre l’atmosphère.
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