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Jour 1 : « I declare the 10th FabConference open ! »

Neil Gershenfeld déclare la conférence FAB10 ouverte.

La conférence internationale des fablabs a débuté hier mercredi dans la capitale catalane, depuis le Disseny Hub Barcelona. Retour en images.

Barcelone, de notre envoyé spécial (texte et photos Quentin Chevrier)

FAB10, la conférence internationale des fablabs, commence par une grande messe dans un grand centre de conférence. Devant quelque 400 personnes regroupées au rez-de-chaussée du Disseny Hub Barcelona, Neil Gerschenfeld, Sherry Lassiter et Tomas Diez, fondateur du Fablab BCN (pionnier des fablabs en Europe, ouvert en 2007) ouvrent le bal. Les première et seconde générations de fabbers rappellent les débuts à Boston, l’histoire des dix FabConferences, pour aboutir sur la thématique de cette année « From Fablabs to Fabcities ». Rythmée par des applaudissements nourris, l’introduction de début de matinée est vite expédiée. Les longs discours ne sont pas dans les habitudes maison.

Tomas Diez, fondateur du fablab de Barcelone, présente le thème de FAB10, « From Fablabs to Fabcities ».

Sherry Lassiter, directrice de la Fabfoundation du MIT enchaîne sur le rituel de présentation des labs. Face au nombre exponentiel de labs inscrits cette année, l’organisation a dû réduire les traditionnelles présentations du matin aux seuls petits nouveaux. S’enchaînent à un rythme effréné des labs d’Asie, du Brésil, de Londres, de Lyon, du Caire, d’Irlande, d’Italie… en tout, ce sont une quinzaine de structures qui se succèdent sur scène. Il en sera de même ce jeudi et demain vendredi.

10h30 – La petite danse des fablabs

« Get out of your confort zone »: c’est le moment de la traditionnelle danse du matin. Rien de tel pour finir de se réveiller.

« Get out of your confort zone » avec la danse des fablabs.

La pause café est l’occasion de rencontres et contacts. On croise par exemple un jeune Letton qui crée son lab, soutenu par l’Union européenne et une université, mais qui a le sentiment que son projet manque de sens. Il lui reste une semaine pour en trouver, du sens.

Puis c’est au fablab de Nairobi (Kenya) d’intervenir et de fasciner l’audience : dans un pays lourdement touché par les mortalités infantile et maternelle, dues au manque d’équipement hospitalier, médecins et makers se sont lancé pour défi de trouver des solutions locales. Une liste d’équipements prioritaires a été rédigée. Le fablab cherche des recettes efficaces à partager avec tous les autres pays face aux mêmes défis de santé publique.

Pause déjeuner. Certains regretteront que seul un sandwich au jambon soit proposé, sans alternative végétarienne, halal ou casher.

14h – 15 ateliers, ou presque

Alors que certains se dirigent vers le fablab de Barcelone à l’IAAC (Institute for Advanced Architecture of Catalonia, prononcez « yak »), je reste au Dhub pour assister aux ateliers dédiés au cycle de vie des fablabs, à la science citoyenne DiY, aux prothèses créées dans des labs… Si FAB10 est plein de bonnes surprises, certaines sont un peu plus amères. Plusieurs des ateliers sont tout simplement annulés à la dernière minute.

Du crowdfunding au fonctionnement d’une imprimante Ultimaker, de la démonstration d’expérience immersive à la fabrication de skateboard en passant par la création d’un réseau d’anciens de la Fabacademy ou encore la programmation de micro-contrôleurs dans l’environnement Arduino, le choix ne manque pas.

Neil Gershenfeld lance l’atelier « des machines qui font » qui lui tient à cœur. Etalé sur toute la semaine, il a pour objectif d’inventer une machine plus simple et plus efficace qu’une imprimante 3D ou une fraiseuse numérique.
Les premières propositions des participants à « Machines that make » portent sur les axes de déplacement.
L’expérience de BeAnotherLab : une danseuse (au second plan) équipée d’une caméra imite les mouvements de la personne qui porte des Oculus Rift. Celle-ci ne se voit pas mais voit l’imitation réalisée par la danseuse.
L’atelier « cycle de vie des fablabs » : des intervenants de la Fabfoundation passent de groupe en groupe, répondent aux questions, prêchent la bonne parole. Aucune idée révolutionnaire n’est venue répondre à l’éternelle question du modèle économique.
Quand l’artisanat japonais ancestral rencontre la fabrication numérique : les pièces en bois sont découpées au laser. Chacun choisit quelques morceaux pour recréer un cercle finalement transformé en badge.
Atelier de papier mâché sur des moules imprimés en 3D.

Off – Et pendant ce temps-là…

La fondatrice du fablab de Wellington, en Nouvelle-Zélande, « Lost in Translation »…

Laurent Chicoineau, fondateur du fablab de Grenoble, annonce la création d’un outil d’administration de lab en ligne. Fatiguée des problèmes de gestion, de réservation, de suivi des usages et des taux d’occupation des machines, l’équipe grenobloise a créé son outil, qu’elle teste jusqu’en décembre pour le proposer ensuite à tout lab intéressé. On en reparlera…

La Banque mondiale a récemment publié un rapport de 172 pages sur le développement d’infrastructures d’innovation en Bulgarie mettant l’accès sur les fablabs.

Très peu de documentation à l’issue des ateliers. Impossible de récupérer des notes sur ce qui a été échangé, les idées majeures énoncées, les solutions proposées… Ce qui peut sembler étrange quand un atelier est dédié à la documentation des projets et un autre à la mise en commun des problèmes et solutions communes à tous les labs…

Bonus – L’atelier sieste

A gauche, l’atelier « Machines that Make » et à droite, les poufs mis à disposition pour recharger les batteries des participants.
En charge…
L’atelier sieste sur les poufs a un franc succès.

 21h – Visite de l’Atelier de fabrication Les Corts

Barcelone veut devenir une Fabcity et le faire savoir. Chaque soir, une visite est organisée dans un lab barcelonais. Après une pause tapas et tortilla, la délégation de La Paillasse (biohacklab, Paris), les représentants du fablab d’Amiens et moi-même nous rendons au nord-ouest de la ville (en nous perdant, on avait suivi les indications de FAB10, qui se sont révélées mauvaises, donc) pour découvrir l’atelier de fabrication les Corts. Le bâtiment prêté par la mairie est immense. Le lieu est aménagé en une demi-douzaine d’espaces répartis dans des conteneurs remplis d’un parc de machines impressionnant.

L’atelier des Corts, au nord-ouest de Barcelone, est installé dans une ancienne usine.
Juan (au centre) contrôle son robot : « On va placer une chaise dessus. C’est une réponse à la commande de quelqu’un qui doit beaucoup se déplacer dans son travail. »